C'était un rêve, qui n'était pas un rêve !

Sans doute le film le plus « enfantin » de Miyazaki que j’ai pu voir jusqu’à présent, dans le sens où il s’inscrit purement dans un imaginaire et une ambiance propres à l’enfance. J’ai bien aimé le fait qu’il n’y ait pas d’antagoniste dans le film, mais que celui-ci se contente tout simplement d’illustrer les péripéties de ce conte et de suivre les aventures de Satsuki et Mei. Avec le recul, on réalise que le film ne change pas le statut quo du début, il n’y a pas vraiment de progression en soit dans le développement des personnages. On se contente simplement de petites scénettes qui se suivent avec beaucoup d’ellipses, ce qui peut déstabiliser. Mais j’ai beaucoup aimé la structure dans le sens où ça renvoie justement à la structure d’un rêve.

Et c’est là la force du film, parce qu’on ne sait jamais vraiment quand on est dans le rêve et quand on est dans l’éveil. Le fait que les personnages secondaires, dont le père, semblent parfois complètement déconnectés de ce qui se passent, ou lorsque la fin joue sur la perception qu’on a de la réalité. La structure du film en fait vraiment sa force, que ce soit le début qui prend bien le temps d’introduire les personnages mais aussi d’introduire la maison et l’environnement, le fait qu’il y ait toujours cette sorte de nonchalance presque somnolente dans le rythme du film. La construction des personnages, et notamment les enfants (Satsuki et Mei en tête) est incroyablement réaliste et crédible dans le sens où leurs comportements et leurs réactions selon les situations sont à chaque fois juste. C’est quelque chose d’assez rare pour le souligner.

L’animation est dans l’ensemble de très bonne qualité, n’accusant pas de son âge. J’ai beaucoup aimé les décors, le détail qui y est apportés, surtout dans la maison, et aussi comment le monde végétal est retranscrit. Et puis les mouvements… L’animation des mouvements, même les plus simples, est fabuleuse. Quand Totoro a ses frissons, on a les frissons aussi, c’est vraiment super-communicatif, et c’est essentiel que l’animation le soit dans un film d’animation. La musique est elle aussi au rendez-vous, toujours aussi belle, mélodieuse, et jouant justement sur cet aspect à la fois du fantastique et du rêve, tout en donnant une touche de poésie à l’ensemble. On se laisse bercer.

Bref, voici mon cinquième Miyazaki, et si je n’ai pas autant de choses à dire que pour les autres, c’est surtout parce que c’est un de ses films qu’il faut plus voir et ressentir qu’en entendre parler. Il est très différent de ce à quoi je m’attendais et j’y ai pris beaucoup de plaisir, même si je le trouve un peu en-dessous de mes préférés.