Mon voisin Totoro
7.8
Mon voisin Totoro

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1988)

Totoro et... ben surtout Totoro : la mascotte est née.

Comment ne pas évoquer l’un des films d’animation les plus populaires des studios Ghibli quand celui-ci vient de fêter ses 30 ans et a eu droit à une nouvelle diffusion dans les salles de cinéma récemment pour l’occasion ? Surtout quand le logo même du studio n’est autre que le gros monstre pelucheux dont le nom est l’une des substances même du film ? Et que Miyazaki semble de nouveau repartir pour un nouveau métrage d'ici quelques années ? Bingo, impossible de ne pas l’évoquer, surtout lorsque ce même film a servi d’inspiration et de modèle à de nombreux réalisateur dans le domaine, notamment Brad Bird, Dean Deblois ou Genndy Tartakovsky qui se sont confiés en interview pour en parler.


Bien qu’Hayao Miyazaki ne signe là que son quatrième film, Mon Voisin Totoro représente toujours un peu plus les thèmes qui lui sont chers dans cette tranche de vie grand public : que ça soit son amour portée à la nature en bon écologiste qu’il est (le personnage de Totoro, l’environnement ou évolue la famille Kusakabe), la présence du fantastique dans l’œuvre mais jamais de manière gratuite (la présence du chat-bus dérivé du bakaneko), le passage de l’enfance et une situation spécifique et une vision qui se veut chaleureuse et colorée sur son récit. Par ailleurs il est pas si étonnant de voir que le fantastique, bien qu’invisible à l’œil adulte, est pourtant acceptée par ceux-ci surement en raison du folklore et des légendes nippones sur leurs divinités. Un détail loin d'être anodin quand on y repense avec du recul.


Mais pourtant, et au risque de surprendre désagréablement un bon nombre d’adorateurs, j’ai du mal à apprécier ce quatrième Miyazaki au même niveau que la grande majorité des films de sa carrière. Et en le revoyant une nouvelle fois je comprends mieux pourquoi : Mon Voisin Totoro est un film qui me paraît trop moelleux que ça soit pour un film familial ou en mettant en avant mes goûts personnels. Et malgré les qualités que l’on peut rapporter sur ce film, je ne me sens pas emporté par l’innocence ou la naïveté dominante qui rythme le quotidien de Mei et Satsuki. Le premier quart d’heure ou l’on découvre la nouvelle maison en est la principale représentation.


Le dernier tiers me redonnait pas mal d’espoir en abordant enfin une question qui aurait gagné à être plus sérieusement développé :


la convalescence de la mère Kurakari et la disparition de Mei qui sont deux éléments prometteurs pour y insuffler le drame requis pour nous faire davantage apprécier les bons moments. En particulier en connaissant le rapport qu’avait Miyazaki avec sa mère atteinte de tuberculose, et qu’un simple élément ouvre la voie pour une tragédie qui aurait pu équilibrer la balance comme il l’aurait fallu, surtout que ça semble aller dans cette direction pendant un premiers temps et l’atmosphère fonctionne.


Malheureusement il n’assume pas jusqu’au bout cette possibilité et reste sur la ligne conductrice en terme de ton, hésitant trop à aller davantage dans le drame et semblant plutôt chercher une alternative plus positive quant au traitement de la mère Kusakabe (le mot Tuberculose n’étant jamais mentionné et remplacé par le mot rhume pour rassurer Satsuki et Mei, quand bien même l’aînée n’est pas dupe sur l’état de santé de sa mère).


Après cela étant dit, je ne peux pas jouer la carte de la mauvaise foi et faire comme si le film n’avait rien pour lui. Loin de là, il en a même beaucoup à revendre : à commencer par sa star même Totoro, immense boule de poil pelucheux et extrêmement attendrissante aux apparitions réduites mais chacune étant réussie, volant la vedette à tous et justifiant son statut de mascotte sans mal. La mise en image devenant très parlante à ce titre (le premier plan sur Satsuki et Totoro côte à côte à l’arrêt de bus provoque toujours un très large sourire chez moi).


D’autant que la simplicité d’une œuvre n’a rien de mal en soit lorsque c’est bien fait et que ça s’assume, et en l’occurrence c’est le cas. Satsuki (dont c’est un des premiers rôles de Mélanie Laurent via le doublage dans la VF) et Mei ainsi que l’entourage qui la compose en sont parlant, le point de vue étant intégralement pris pas ces deux enfants capable de s’émerveiller même d’un rien. Même si leur rapport par rapport à la situation de leur mère ou de la solitude éprouvé par Mei en raison de l’absence maternelle dans leur maison aurait été un plus évident si ils avaient été plus travaillés.


Mais le fait d’embrasser leur vision justifie pleinement le retour en enfance des fans lorsqu’elles traversent une situation extraordinaire. Cette forme d’innocence de l’époque et de la part de son auteur qui se retrouvent dans ces deux fillettes et qui provoque la tendresse qu’on peut éprouver à leur égard, et qui confère un charme difficile à nier même en étant moins séduit que prévu. Et l’animation aux couleurs campagnarde majoritairement verdoyante y est aussi pour quelque chose, de même pour le design des créatures de la forêt bien douillet et extravagant rencontré par le jeune duo ou la fluidité du mouvement (la poussée miraculeuse de l’arbre géant dans le jardin pendant la nuit).


Et Joe Hisaishi fait encore des merveilles à la musique, on ne le répètera jamais assez et le chant d’ouverture n’aura de cesse de m’entraîner à chaque fois comme la chanson phare de sa conclusion d’Azumi Inoue.


Je pense que je ne pourrais pas pleinement aimer ce Ghibli à sa juste valeur, beaucoup arrivant surement à en parler en meilleurs termes et mieux que moi. Il a marqué son public et reste une bonne référence en tant que divertissement familial et film d’animation de la compagnie et il n’a rien d’affreux ou de honteux, mais bon voilà, parfois on éprouve plus de réserves que l’avis général sans forcément le haïr ou désapprouver son adulation et à mon sens c’est un film gentillet et honnête mais qui manque de maturité à mes yeux.

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6
8

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