Blood Moon Party
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le 2 févr. 2022
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Troisième long métrage pour Ana Lily Amirpour, qui continue ses portraits féminins dont les ressources armées ou surnaturelles, contribuent à leur survie.
Avec une première scène qui semble nous diriger dans le film d'horreur, où une jeune fille s'évade d'un asile, pousse une infirmière à se blesser elle-même à coup de scalpel, et un gardien à se taper la tête plusieurs fois contre une TV, ce sera finalement un cheminement tranquille et innocent. Mona Lisa (Jeon Jong-seo) enfin libre, propulsée dans un univers inconnu qu'est la ville, où la surconsommation n'épargne personne, ne pensera qu'à se nourrir de hamburger, de frites et de bière. Entre rencontres salvatrices, calme relatif et crises de colère, Amirpour change de registre optant pour l'optimisme et la bienveillance, d'un soupçon de comédie et de drame familial, détournant l'imagerie attendue de la jeune fille dérangée aux actes sanglants. Par le personnage du Policier Harold, (Craig Robinson) qui poursuivra sans relâche la si peu dangereuse mais loin d'être naïve, Mona Lisa, la cinéaste renvoie à cette peur et ce refus de la différence, dans une société qui n'hésite pas à parquer ceux qu'ils ne comprennent pas. On retrouve un des sujets de Bad Batch avec les laisser-pour-compte que l'on balaie sous le tapis.
Si on retrouve le décalage d'Amirpour avec ses morceaux musicaux en porte-à-faux des situations, la réalisatrice déjouera constamment nos attentes tout du long et on peut être déçu d'une déclinaison de situations sans prétention, voire sans but précis. Ainsi la scène d'introduction donnant à voir un décor marécageux reste en l'état, et c'est bien dommage tant sa caméra grand angle et ses teintes verdoyantes, renvoient au conte et au mystère de la Nouvelle-Orléans dont on imaginait déjà par ses décors, un univers fantastique. Tout comme cette fameuse lune rouge du titre, filmée régulièrement, plutôt pleine que sanglante, ne nous apporte aucune réponse sur les pouvoirs de Mona Lisa,
Une jolie manière en tout cas, de rendre hommage à celles qui ne s'en laissent pas compter jouant de la métaphore des pouvoirs psychiques, en lieu et place de la force de caractère plus concrète à déjouer leur statut de victime.
L'importance donnée aux personnages secondaires au détriment de celui de Mona Lisa, va parfaire la portée humaniste de la réalisatrice et fera tout le charme d'une intrigue pleine de bons sentiments. Des dialogues d'un humour rafraîchissant par son jeune garçon solitaire, Charlie (le parfait Evan Whitten) à la répartie sans faille et la musique encore comme bienfait, avec une musique électro/metal qui lui servira de défouloir à combler l'absence de sa mère. Avec Mona Lisa ils devront déjouer les pièges de la police et en miroir trouver leur place au monde. Enfin un jeune protagoniste qui s'exonère de toute la pénibilité des pré-adolescents. Mais c'est bien le souriant dragueur se rêvant DJ, campé par Ed Skrein à la déconnexion enjouée qui laisse le sourire aux lèvres. De sa voiture accueillante à la lumière bleue, à sa chemise fluorescente, en passant par son appartement tout aussi coloré et bruyant, il détourne le cliché attendu du mauvais garçon, en sauveur improbable de Mona-Lisa.
Ce sera aussi la faussement solidaire maman Bonnie (on a plaisir de voir Kate Hudson) logeant et manipulant la jeune fille pour ses besoins financiers mais qui ne fera pas le poids face aux considérations plus terre à terre des clients revanchards et non moins radins, aux portes-monnaies vidés par les soins de Mona Lisa, pour en filigrane le milieu interlope de la nuit bien inoffensif en regard de celui du strip-tease, qui pointera parfaitement la normalisation de la violence masculine, thème récurrent de sa filmographie.
Jeon Jong-seo que l'on a vu dans le film Burning, joue, quant à elle, de déclinaisons expressives subtiles pour adhérer totalement à son personnage avec toute l'empathie qui va avec.
A l'instar de son précédent film, on regrette le manque d'approfondissement de ses personnages et de son sujet, pour en peaufiner sa forme. Reste sa marque indélébile avec son -toujours excellent- choix musical, pour se laisser mener avec entrain, par cette légèreté ambiante qui contre toute attente, nous laisse d'excellente humeur.
Une sortie de route bien agréable, après la violence frontale et cannibale de the Bad Batch.
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le 17 oct. 2022
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