Sony tente de s'acheter une morale

Alors que je rentrais du cinéma, France Culture diffusait une émission sur les cahiers du cinéma et leur dérive (sic) gauchiste des années 60/70. Ils s'en prenaient, à l'époque, aux fictions de gauche, ces films fades, qui ne s'adressent qu'à ceux déjà convaincus et qui n'interrogent jamais vraiment ce qu'ils filment...

Et ça tombe vraiment bien, parce que c'est exactement ce qu'est Monster Money. Un petit film fade et bienpensant, tellement bienpensant qu'il ne s'en prend jamais au système en lui-même (c'est l'excuse donnée par le vilain pas beau à la fin du film), mais justement à une seule personnage qui fait du mal aux petits épargnants en magouillant.

Vous le voyez le problème là ? Parce qu'il n'est pas petit. Venir et faire un film comme ça, pour finalement dire : "ouais le système n'est pas pourri, mais juste certains individus", c'est assez complaisant... et ça ne prend pas de risques. En même temps c'est produit par Sony, qui peut ainsi dire : "on est trop des socialistes, on produit des films sur le Capital en disant que c'est mal". Sauf que bon, si un film vraiment corrosif était sorti en 2007 ou 2008 on aurait pu dire que c'était visionnaire, là on a surtout l'impression qu'ils tentent de surfer sur la vague. Et mal en plus... puisque rien que cette année on avait déjà the big short qui est sorti et qui lui s'en prenait au système de manière un peu plus large (mais sans renier le capitalisme non plus, ne soyons pas fou).

Donc ce film est là pour dire, tu n'aimes pas les mauvais patrons, nous non plus... Mais qui, à part tous les types qui se présentent aux primaires des Républicains (Juppé, candidat des jeunes ayant échoué en 95, faut-il le rappeler, y compris) et les guignols du gouvernement, est encore là à aduler le Capital ?

En plus, j'ai beau être contre le "monde de la finance", ce film, bien qu'il tente d'humaniser le preneur d'otage qui tente de faire éclater la vérité, le type est assez ridicule. Limite j'appellerais ça de la sélection naturelle que de faire perdre son fric à un type qui croit ce que lui raconte un présentateur télé qui danse au début de chaque émission...

Et puis, j'aurai aimé un type vraiment sûr de lui, motivé, pas juste un type faible et influençable. Bien que sans doute quelqu'un qui soit réellement contre le Capital représenté au cinéma, fondamentalement capitaliste, aura toujours l'air d'un demeuré. C'est la société qui veut ça.

Et si le côté Network ou Valse des pantins est sympa, (et que Caitriona Balfe est super jolie pour son âge avancé) ça ne suffit pas pour en faire autre chose qu'un petit film qui ne sert à rien, qui est juste divertissant et qui défend le système qu'il était censé critiquer.