Evidemment, il ne faut pas demander à un curé de faire l'éloge de Satan ni d'attendre de ce genre de film calqué sur la très sainte volonté hollywoodienne de passer pour un acte révolutionnaire et profond.

Il est là pour divertir et, espérons-le, de manière intelligente.
Le film est pluriel. Il doit y avoir deux, trois à quatre histoires en une qui s'imbriquent plus ou moins les unes dans les autres.

Moi, ce qui m'intéresse, c'est de voir des flics qui ne sont pas loin de la condition des travailleurs, qui sont confrontés chaque jour à la misère et à la violence contextuelle. On est, à quelque chose près, pas loin de l'un des enjeux de Convoyeur de Boukhrief.

Ici, deux flics qui rêvent de se sortir vivant de cette misère. Dans leur esprit, la valorisation, l'honneur, la question de "sauver la veuve et l'orphelin" ne suffit plus depuis longtemps. Et lorsque l'un des deux se confronte au cynisme petit-bourgeois de la direction du Money Train, le sang ne fait qu'un tour. Ce travailleur-là veut tout à coup mettre à mal ce système arrogant, autrement dit, se faire le métro de Picsou. Son compère depuis toujours va y être entraîné lui aussi, plus par empathie que par intérêt personnel.

De voir cette condition, ce contexte finalement rare dans le cinéma spectaculaire,
de voir cela dans un film sensé proposer un divertissement sans retenu, c'est osé.

Le film est pluriel. Le ton est pluriel. L'enjeu est pluriel. Le tout de manière claire et caricaturale, de ces caricatures qui ne font pas de mal à une mouche.

Je le trouve bien dosé pour que chacun se retrouve dans cette "bromance" des années 90, dans cette alchimie pas trop trop crétine sans aller trop trop loin.

***

Mention spéciale pour le costume du Directeur Patterson à la fin du film : déjà qu'il fumait le cigare, il sort cette fois il sort le smoking, l'écharpe en soie aussi blanche que la cagoule du KKK et le haut de forme. Reste plus qu'à acheter la rue de la paix dans une petite Bugatti.

***

Je me suis renseigné.
Comme il y a eu un autre film, tourné en 1965 avec Bourvil, "La grosse Caisse", je me suis demandé si, vraiment, un Money Train existait. Il semblerait que ce soit une pure fiction. Et je pense que si cela existait... Nous ne le saurions pas !... Quelle drôle d'idée tout de même ! Le métro a toutefois la qualité de faire se croiser toutes les histoires, ce qui ajoute à la faible cohérence du long-métrage.

***

Je dédicace cette critique... à Tony Musulin, bien sûr.
Andy-Capet
6
Écrit par

Créée

le 12 févr. 2013

Modifiée

le 12 févr. 2013

Critique lue 688 fois

6 j'aime

Andy Capet

Écrit par

Critique lue 688 fois

6

D'autres avis sur Money Train

Money Train
CeeSnipes
8

La VF est fantastiquement badass

Je veux bien comprendre que le synopsis et l'année du film, plus le rapport du box-office rendent réticents plein de gens mais sachez que le film rend les affaires plus simples que cela car les...

le 28 janv. 2012

2 j'aime

Money Train
Redzing
3

Très moyen

Il y avait de l'idée dans ce petit film d'action situé dans le métro, et une volonté nette de s'intéresser aux personnages joués par un tandem d'acteurs de qualité convenable. Seulement, le scénario...

le 27 juil. 2020

1 j'aime

Money Train
DanielOceanAndCo
2

Critique de Money Train par DanielOceanAndCo

Ayant grandi dans les années 90 et ayant une très grande affection pour les films de cette décennie, je n'avais encore jamais vu "Money Train" et si le film de Joseph Ruben fait illusion les dix...

le 4 déc. 2021

1 j'aime

Du même critique

Into the Wild
Andy-Capet
2

Un connard de hippie blanc en liberté

Sur Into the Wild, je risque d'être méchant. Non, en fait, je vais être dur. Parce que j'assume totalement. C'est autant le film que ce qu'en font les admirateurs de ce film qui m'insupporte. Que...

le 27 janv. 2014

67 j'aime

71

Disneyland, mon vieux pays natal
Andy-Capet
7

Achète-moi un conte prêt à raconter

En tant qu'ancien travailleur de Disneyland, je ne suis jamais senti à ma place dans ce milieu. Tout ce que je voulais, c'était travailler en m'évadant. Ce fut le contraire. J'ai perdu mon innocence...

le 26 avr. 2013

60 j'aime

42

RoboCop
Andy-Capet
9

Leçon cinéphile adressée à tous les faux-culs prétentieux.

L'humour satirique et grotesque dans Robocop est une porte infectieuse pour laisser entrevoir autre chose que du pop corn pour petit garçon, une porte qui laisse un aperçu de cette société tyrannique...

le 10 déc. 2013

51 j'aime

38