Monkeybone
5.3
Monkeybone

Film de Henry Selick (2001)

C'est con, l'idée de départ est pas mal, l'épisode animé qui fait l'ouverture permettait de croire à un truc m'evoquant le Woody Allen clownesque. La catastrophe annoncée, c'est Brendan Fraser. Ce type a un potentiel comique en deçà du zéro absolu. Avec un script en l'état, je ne vois qu'un Jim Carrey version The Mask qui aurait pu prévenir le film du naufrage. A noter que Ben Stiller était pressenti pour le rôle, ce qui semblait aller dans le bon et même sens. L'acteur a opté pour Mystery Men.
Rose McGowan, la serveuse Kitty dans Monkeybone, rappelle que Henry Selick a été viré par la Fox a la moitié du tournage. Elle affirme que la partie Downtown, le monde du coma peuplé des cauchemards de Stu, aurait été bien plus habité si Selick était resté aux manettes. On peut accorder un certain crédit à cet avis, parceque la mise en image de ce monde relève enneffet du domaine d'expertise du réalisateur cavalierement remercié. Ceci dit, et c'est une remarque personnelle, le processus stop motion dont Selick est un maître reconnu, semble ici atteindre une curieuse et inattendue limite. Je le trouve tellement poussé (on ne ressent plus l'effet saccadé) qu'il finit par ressembler, effet pervers, à des CGI d'un autre âge. Je doute que ce soit l'effet escompté.
On est aussi en droit de se demander si la direction d'acteur eut été meilleure si il y avait eut continuité. Je suis moins enclin à le penser, puisque je ne vois guère de scènes où Whoopi Goldberg (nominée à l'époque pour le pire second role feminin de l'année), Giancarlo Esposito ou Bob Oddenkirk (dans leur rôles subsidiaires) aient démontré quelque implication que ce soit. Ils ont su briller ailleurs (Breaking Bad pour les deux derniers notamment) et il parait évident que leur partie était de toutes manières très peu écrite et/ou développée. Celle qui s'en tire le mieux est Bridget Fonda dont la prestation au minimum syndical parait honnête en comparaison. Si Monkeybone reste un exemple d'ingérence des comptables des studios ("the suits" selon Rose McGowan), script et dialogues remuglent indépendement l'indigence.


Je rejoindrai un avis exprimé ici qui soulève la question du public cible. La BD Dark Town semble viser une audience adulte, comme en temoigne, encore une fois, la séquence d'ouverture en dessin animé. Dark Town aborde sexe et psychanalyse de facon directe et impertinente, thèmes édulcorés voire tournés en ridicule par le film. Difficile de savoir quel est le rôle de chacun -des scénaristes, de la prod, du réal- dans cet appauvrissement du materiel de base, qui fut le resultat, à mon sens, d'un conformisme en contradiction frontale avec l'oeuvre d'origine et qui montrent surtout que certains se sont acheté une paire de couilles payée en monnaie de singe.


Au vu ne serait-ce que de l'éviction contestée de son réal, il me paraît un peu exagéré de l'ereinter comme le fit la critique, ici comme ailleurs. Sans aller jusqu'à suivre jusqu'au bout l'opinion de Rose McGowan, qui leur accorde de bien grandes qualités, le précédent "James et la pêche géante" et le suivant "Coraline" du même Selick, sont des films qui affichent au moins une certaine cohérence, donnent un sentiment d'unité, que le décousu Monkeybone n'atteint jamais.

Kinovor-Cinefaj
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le 28 août 2021

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