Une présentation sur le DVD explique la difficulté de traduire les jeux de mots contenus dans la logorrhée de Groucho : nombre de calembours sont intraduisibles. Un exemple : quand Harpo cherche sa grenouille qui s'est sauvée, le client du barbier dit "I've got a frog in my throat", ce qui fait que Harpo le secoue. La traduction dit : "j'ai un chat dans la gorge"... on passe à côté du gag. De plus, Groucho parle tellement vite pour déployer un discours absurde qu'il n'y a parfois aucune solution, explique Yves Alion !
Mieux vaut être "native speaker", donc, pour l'apprécier. Personnellement, j'ai du mal : ça va trop vite, le temps de lire le sous-titre et d'essayer de comprendre le gag, un autre lui a succédé. Résultat, Groucho me fait assez peu rire.
Chico est le moins défini des Marx : Groucho est dans le langage, Harpo dans la gestuelle, Chico entre les deux. Ici, il nous gratifie une fois de plus de son délicieux solo de piano, déjà vu au moins trois fois dans d'autres films, mais on ne s'en lasse pas totalement.
Reste l'irrésistible Harpo : chaque scène avec lui est un pur moment de grâce et de drôlerie. Plus que drôle, il est poétique, et touchant par sa douceur. J'a- dore quand il met sa jambe dans les mains de son interlocuteur par exemple !
Donc, dans Monnaie de singe, quelques belles scènes :
- celle des tonneaux au début, et comment, lorsque les tonneaux sont embarqués, ils se trouvent chacun occupé à quelque chose par terre !
- la fabuleuse scène des marionnettes, avec la tête toute chiffonnée de Harpo !
- la scène du jeu d'échecs, Harpo imitant l'attitude du joueur à sa gauche avec le plus grand sérieux : formidable !
- ce que font les Marx des pistolets qu'on leur donne : Zeppo et Groucho les jettent dans un seau d'eau, Harpo le tient à l'envers
- la scène de Maurice Chevalier, absurde à souhait
- Harpo coursant la première fille qui passe...
Et puis, trois points positifs pour ce Monnaie de singe : il est court, 1h15, il y a peu de moments musicaux (souvent faibles dans les films des Marx), et on échappe à la romance mièvre avec le beau Zeppo (elle n'est qu'esquissée, c'est mieux comme ça).
Malgré tout, beaucoup de moments plus faibles, où je n'ai pas ri beaucoup. Longs tunnels avec Groucho. On est très loin de leur chef d'oeuvre, à mon sens : Un jour aux courses.
6,5