Le grand Charles
Quel hommage.J'ai depuis 2 ans plus de 20 ans, et pourtant Charles Aznavour ne m'était avant que le film commence que très peu familier (j'ai d'ailleurs hâte de lire les avis de ses fans...
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le 7 sept. 2024
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Pré-choisis par le grand Charles lui-même juste avant sa disparition en 2018, les co-réalisateurs Mehdi Idir et Grand Corps Malade (qui a chanté avec Aznavour) nous offrent aujourd'hui ce très beau Biopic, leur troisième long-métrage après Patients et la Vie scolaire.
Malgré un côté académique et très fidèle à l'histoire de sa vie, ce film, organisé en cinq chapitres portant chacun le titre d'une de ses célèbres chansons, montre avec suspens, force, beauté et émotion le combat incessant de ce fabuleux auteur, compositeur et enfin Chanteur (mais aussi acteur et écrivain).
Car pour lui rien n'a été simple, son origine arménienne, son physique petit et peu avantageux et sa voix nasillarde et brisée. (L'affiche du film avec son ombre nous le montre artificiellement grand, c'est très réussi).
Sur une période d'un peu plus de 40 ans (33-75), le Biopic nous dépeint, dans une ambiance musicale permanente et avec beaucoup de rythme, sa vie avec sa famille, très importante pour lui, ses parents, sa sœur et confidente Aïda (dont on suit le soutien permanent dès le début du film), ses femmes, ses enfants et les nombreuses rencontres qu'il a pu faire, indispensables pour réussir dans ce métier. Parmi celles qui ont le plus compté, citons surtout le gentil Pierre Roche et la redoutable Edith Piaf sur lesquelles le film insiste avec justesse.
Car pour réussir le Biopic d'un tel monstre de la Chanson Française, connu dans le monde entier sous le nom de Sinatra Français, en un temps resserré d'à peine plus de deux heures (on ne voit pas le temps passé), les co-réalisateurs ont dû faire des choix, se focaliser sur son ascension dans la musique en France, en Belgique, au Canada et aux Etats-Unis, mais pas en Afrique du Nord, écarter sa carrière d'acteur (même si on voit très vite François Truffaut), et ne pas aller jusqu'au terrible tremblement de terre de 1988 à Erevan, qui le reconnectera à jamais avec l'Arménie. Chacun pourra juger de la pertinence de ces choix mais ils m'ont semblé très bons, pour quelqu'un qu'on croit connaître tellement il a accompagné nos vies, mais dont on apprend plein de choses dans ce film.
Mais ce Biopic ne serait rien sans le choix audacieux, mais tellement juste, du rôle titre en la personne de Tahar Rahim, cet acteur franco-algérien césarisé pour le film Un Prophète de Jacques Audiard en 2010. On ressent le travail immense qu'il a réalisé pour se glisser dans la peau et dans la voix d'Aznavour, au point que d'imitation en mimétisme, on découvre une vraie interprétation de la quasi-totalité des chansons du film, une vraie prouesse.
Pierre Roche, interprété par un Bastien bouillon à l'aise et touchant dans le rôle du grand frère, c'est la rencontre heureuse de ses débuts, et le duo Roche et Aznavour va se produire longtemps dans de nombreuses salles en France et au Canada. Cette relation est montrée comme essentielle dans le film, tandis qu'en parallèle Aznavour rencontre la grande Edith Piaf, qu'il côtoiera pendant 8 ans ! Jouée par une parfaite Marie-Julie Baup qui se glisse avec délice dans la peau de la môme, avec sa gouaille et son caractère bien trempé, et dominant Aznavour pendant toutes ces années, le surnommant le génie con, Edith Piaf lui fait faire des choix douloureux, jusqu'à ce qu'il finisse par s'isoler pour tenter de s'imposer comme chanteur en se concentrant comme un forcené sur l'écriture de ses chansons... Le film montre ainsi avec justesse et un suspens bien orchestré, et ce dès la scène introductive dans une confidence à sa sœur, le pari assez insensé qu'il fait, et qui finira par payer comme miraculeusement, à l'Alhambra en Belgique en 61, avec la chanson emblématique Je m'voyais déjà !
Dès lors le reste du film paraît plus fade mais toujours excellement bien mis en scène : on le voit voguer de succès en succès, en mode récital musical, accompagné de ses très belles chansons, devenir très riche, s'intéresser aux jeunes générations et aux nouvelles musiques (notamment Johnny), rencontrer celle qui sera sa 3ème femme pendant 50 ans, la suédoise Ulla Thorsell, connaître un chagrin immense, et s'apercevoir qu'il ne peut rien faire d'autre que de travailler et travailler encore, dans une forme de solitude forcée.
Globalement on assiste à un solide Biopic, qui restera, et qui insiste surtout sur les facteurs qui ont fait la réussite de Monsieur Aznavour, avec toute l'importance qu'il a accordé à sa famille, et l'héritage de ses parents que le film sait très bien mettre en valeur.
On ne s'ennuie pas une seconde dans ce film, un grand moment de culture française à visionner avec fierté !
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Créée
le 25 oct. 2024
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