Voir Robert De Niro sur l’affiche d’un film suffit pour convaincre de le visionner sans rien savoir dessus. Dans Monsieur Flynn, on suit en parallèle la vie de deux personnes, Flynn père (De Niro) et Flynn fils (Paul Dano) qui se retrouveront par le pur hasard des choses même si 18 ans ont passé depuis leur dernière rencontre. A noter que le film adapte le roman de Nick Flynn où l’auteur raconte ses rapports conflictuels avec son père, il s’agit donc d’une histoire vraie.

Le film offre une vision sans détour sur le monde des SDF new-yorkais, de l’intérieur (Flynn père) et de l’extérieur (Flynn fils). Le réalisme a été accru à tel point que des figurants anciennement SDF avaient l’impression de revenir sur ces lieux proches de l’enfer. L’ombre de la mère, jouée par Julianne Moore, plane sur Monsieur Flynn car elle est celle qui marquera l’évolution de Nick Flynn et son point de rupture.

En mêlant psychose de l’auteur et souffrance d’une absence paternelle, le héros plongera dans une décadence physique à dose d’alcool et de drogues de plus en plus dures. Il faut dire que son père est loin d’être un modèle d’équilibre psychologique. Persuadé d’être le plus grand auteur de son époque et de tenir un chef d’œuvre avec son roman Le Petit Criminel, il a depuis longtemps abandonné toute raison et sa famille pour vivre son art. La réflexion est intéressante, est-il nécessaire d’être fou pour être un artiste ? Où s’arrête l’art et où commence la folie ?

De même le personnage de Robert De Niro se satisfait de devenir SDF afin de pouvoir récupérer du matériau pour ses écrits et tente de pousser son fils à suivre le même chemin que lui. Un étrange paradoxe, s’il se comporte de façon paternaliste et proche de son fils dans les lettres qu’il lui envoie, il bascule sur un autre comportement face à lui, il devient agressif, le considère comme une vague connaissance et n’hésite à exacerber ses psychoses. Un duel s’engage entre les deux Flynn…

Robert De Niro, l’acteur new-yorkais, y livre une prestation mémorable et pour preuve de son engagement, il a tenu à rencontrer le vrai Jonathan Flynn et se paye même une anecdote : à la fin d’une journée de tournage, il est rentré directement à l’hôtel et les réceptionnistes ont appelé la sécurité car ils croyaient qu’un SDF s’était introduit dans le bâtiment. J’imagine la discussion.

De l’autre côté, le film plonge dans le milieu des sans-abris et leurs quotidiens, dans leurs luttes pour trouver un endroit où dormir ou tout simplement pour ne pas mourir sans oublier d’offrir quelques épisodes marquants. Toutefois, c’est rapidement sabordé par la volonté du réalisateur de se concentrer sur la relation conflictuelle entre les Flynn.

Aussi, le film souffre d’un rythme en berne avec certaines scènes franchement inutiles comme celles faisant intervenir les colocataires et puis, difficile parfois de s’attacher aux personnages malgré les deux acteurs confirmés. Paul Dano étant trop lisse pour offrir cette psychose qui bouffe Nick Flynn et Robert de Niro en fait un peu trop ce qui rend son personnage assez antipathique même s’il reste fascinant. Surtout Jonathan Flynn est lourd, il répète souvent la même chose et son discours incohérent finit par ennuyer de même son incapacité à reconnaitre les choses comme elles sont finit de faire de lui un fossile encombrant. Monsieur Flynn est morose entre ses temps forts et ses temps faibles.

Les fans de Taxi Driver vibreront en voyant Robert De Niro se retrouver derrière le volant d’un taxi jaune et le film bénéficiait d’un joli titre avant de s’appeler Being Flynn en VO : « Another Bullshit Night in Suck City ».
Marvelll
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le 15 août 2012

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le 15 août 2012

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