Dans le genre film avec grand singe, il n'y a pas que King Kong pour tirer son épingle du jeu. Ernest B. Schoedsack, déjà à l’œuvre sur le King Kong de 1933 et sa suite Le Fils de Kong la même année s’est imposé comme une valeur sure du film de singe géant. Pas illogique qu'il se soit vu confié ce Mighty Joe Young. Je me rappelle d'une soirée sur Arte où les films précités étaient diffusés avec en 3ème position celui dont vous lisez la critique, mais je n'avais garder qu'assez peu de souvenir (j'ai surement pioncé un moment. Un long moment). Et grand bien m'en a pris de prendre le temps de revoir ce classique de la fin des années 40.
Les acteurs ne resteront pas forcément gravés dans mon esprit. D'un coté, la belle qui s’est liée d'amitié avec Joe le gorille géant, pas une mauvaise actrice, mais certaines de ses réactions laisse à désirer. Son personnage d'ingénu du monde occidental y est pour beaucoup, mais elle n’est pas toujours convaincante dans son interprétation. De l'autre, un directeur de cabaret d'une époque où ceux-ci étaient emprunt de grandiloquence, personnage truculent qui n'est pas sans me rappeler le caractère irascible et lunatique d'un J. Jonah Jameson tel que j'ai pu le voir dans les films de Sam Raimi. Et pour l'accompagner, un bellâtre champion du lasso mais au charisme inexistant, qui va se contenter de sourire durant les 3/4 du film en se tenant le plus droit possible. Heureusement, le gorille reste la vrai star. On n'a d'yeux que pour lui. Et si le voir bouger aujourd'hui fera surement sourire tout un chacun, à l'époque, c'était un sacré tour de force. Beaucoup de stop motion et d'intégration de plans avec les moyens d’époque, époque où les effets spéciaux n’avaient pas de vrai école, pas de véritable spécialiste dans le domaine. Juste l'improvisation et le talent des gars qui en étaient responsable. Et crédité en tant que premier technicien, le futur du géant et spécialiste des SFX, Ray Harryhausen, dans ses premiers pas.
Beaucoup d’actions vient rythmer le métrage, donnant des séquences mémorables tel la destruction du cabaret où la grande échappée au final héroïque. On ne s'ennuie pas, les coups de mou sont très rares, et le film réussi même à faire rire le temps de quelques répliques bien placés dans des discussions de sourds (cf la séquence avec charisme d'huitre qui vient chercher du taf). Film d'époque oblige et un partie de l’action se déroulant en Afrique, le coté colonialiste est encore très présent, et là je pense à la séquence de troc avec la fillette du début, qui donne une sentiment de malaise. L'idée que quelques babioles brillantes permettent de négocier avec les locaux, c’est d'autant plus craignos aujourd'hui. Mais ça serait con de résumer le métrage qu'à ça, car Myghty Joe Young, c’est du grand spectacle d'époque, l'assurance de voir un film où t'en as pour ton argent. Un témoignage d'une ère où l'on repoussait sans cesse les limites dans un art en pleine évolution technique où tout était encore à faire.