Les thèmes de la seconde guerre mondiale vue à travers les yeux d'un enfant et celui du "père tranquille" cachant ses activités de résistance sous une collaboration plus ou moins poussée ont été traités à de nombreuses reprises par le cinéma français.
On pensera ainsi au film classique de René Clément, Le Père tranquille, sorti au lendemain de la fin de la guerre, en 1946, où un tranquille père de famille cache en fait à son entourage son identité de chef d'un réseau de résistants. Quelques années plus tard, des réalisations comme Monsieur Batignole de Gérard Jugnot ou encore, dans un style différent, Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré, aborderont le thème de la vie des familles françaises durant l'Occupation. On pourra enfin mentionner les nombreux films sur la Résistance qui ont constitué cette part du cinéma français sur une époque douloureuse et combien clivante pour les français eux-mêmes.
Le thème de Monsieur Léon, téléfilm de Pierre Boutron, est celui d'un petit garçon au caractère bien trempé, Yvon, qui vient rendre visite à son grand-père qu'il ne connait pas, accompagné de sa mère, Irène. Léon Chapuis est un vieux médecin bourru qui affiche ses opinions pétainistes et a ses entrées à la Kommandatur locale d'une petite ville de Dordogne. Il en soigne en effet le commandant.
Irène confie Yvon à son grand-père afin de partir chercher un travail - en fait pour rejoindre un réseau de résistants-. Le petit garçon, resté avec le vieux médecin, se heurte aussitôt à celui-ci, le méprisant pour ses propos et son comportement de collaborateur. Le film décrit ainsi comment grand-père et petit-fils vont apprendre à se connaître et à s'apprivoiser, le vieux bourru n'étant bien entendu pas celui qu'il semble être.
Le rôle du vieux médecin est joué par Michel Serrault que l'on retrouve ici dans son avant dernier rôle, sous la réalisation de Pierre Boutron qui avait déjà travaillé avec lui sur L'affaire Dominici trois ans plus tôt. Désirant renouer cette collaboration, Boutron écrit alors le scénario de Monsieur Léon et rappelle Michel Serrault pour jouer le rôle titre. Ce dernier y est excellent comme d'habitude.
On retrouve aussi, dans le rôle d'Irène, la belle Florence Pernel qui rappellera à beaucoup la grande époque des feuilletons de l'été et des mini séries souvent à caractère historiques. On pourra citer la saga familiale Jalna, Les Steenford maîtres de l'orge, Lagadère ou, plus récemment la série Crime à...
Quant à Yvon, il est interprété par un formidable Arthur Vaughan-Whitehead, qui à 8 ans, joue de façon très adulte et qui fait merveille dans son duo avec Michel Serrault.
On pourra reprocher au film un côté très manichéen dans sa présentation de la population française sous l'occupation, divisant la quasi totalité des personnages présentés entre résistants et collaborateurs avec une certaine lourdeur dans le propos. Le film n'évite pas non plus les invraisemblances comme le petit Yvon se promenant librement dans la kommandatur après y avoir accompagné son grand-père et assistant ainsi d'une fenêtre à l'exécution d'un groupe de prisonniers ou encore la fin que je vous laisse découvrir
Le film est cependant à voir pour la belle interprétation des deux personnages principaux et sa minutieuse reconstitution d'une ville de province pendant la guerre. Le film a été tourné dans la région de Bordeaux
Citons enfin pour finir la très belle musique du couple de compositeurs symphonistes Jean-Claude et Angélique Nachon, qui accompagne le film en crescendo jusqu'à un final très émouvant.