Voir un film signé par les studios Laika, c’est déjà une expérience en soi car l’emballage est aussi travaillé que les intentions narratives.L’histoire de Monsieur Link, en partant faussement sur un explorateur/découvreur lors d’une partie de pêche miraculeuse, embarque le spectateur sur la vraie trame du film. Il s’agit pour Sir Frost de reconnaître que sa capacité indiscutable d’anthropologue est mise à mal par un yéti bouleversant ses idées reçues sur son espèce. Monsieur Link, personnage comique et sympathique, sera malgré lui le révélateur de l’égo contrarié de Frost, secondée par une femme lucide (Adélina, la fausse colérique) connaissant ses failles.Une lecture pas évidente pour les enfants dont l’appréciation est plus sensible sur ce yéti déraciné cherchant des semblables avec qui partager. Cette veine affective du jeune spectateur étant tout à fait respectable, elle aussi. L’exploit des studios Laika est donc de distiller des perles de non-dits tout en libérant de la place pour des émotions simples ( la joie et la peur en tête).Ainsi, adultes et enfants peuvent s’approprier leurs moments préférés du récit, sans qu’aucun d’entre eux ne soit lésé. Cette qualité prouve que Monsieur Link est un grand film d’animation, qu’en donnant à voir et à réfléchir, l’équipe du réalisateur Chris Butler ne cherche pas à s’adresser à une cible de spectateurs en particulier.La musique toujours utilisée à propos ainsi que le rythme trépidant ( pour ne pas endormir le public sur des dialogues ciselés) sont aussi des atouts certains de Monsieur Link. A découvrir pour sortir des codes classiques des dessins animés contemporains et pour cette volonté de faire infuser une histoire ( sans trop se fixer sur des ressentis ou des impacts précis).