Film foutraque, curieux, bordélique, méta, et probablement satirique qui met en scène un réalisateur nommé Otto Spalt devant un comité officiel en charge d'attribuer ou non des subventions à une horde de prétendants, aspirants cinéastes allemands des années 80. Petite particularité : afin de défendre son dossier, le protagoniste présente quelques bobines et 5 courts-métrages au jury (baptisé 189ème réunion du Comité exécutif pour l'évaluation des projets cinématographiques), dans lesquels il est presque toujours le personnage principal. De quoi éveiller les soupçons des juges, présentés comme une bande de bureaucrates sceptiques et incompétents en matière de cinéma, qui doutent de l'authenticité de ses travaux. Ce qui est plus étonnante encore, c'est que ces courts-métrages très expérimentaux et d'un comique baroque constituent en réalité des films dans le film qui ont été réellement réalisés par le cinéaste René Perraudin entre 198 et 1987... Le résultat n'en devient que plus bizarre encore, conférant à "Z.B. ... Otto Spalt" une dimension de bizarrerie appuyée.
Les courts en eux-mêmes sont bizarres, très différents et de qualité très variable. Le premier est une sorte de trombinoscope dans lequel on voit défiler 5000 visages se fondant ensemble avec celui du réalisateur pour aboutir à une sorte de visage moyen. Le second est une sorte de blague jouant sur le fait qu'il a été monté à l'envers (tout en gardant une cohérence narrative via la voix off comme dans "Happy End" de de Oldřich Lipský), avec un ton comique un peu facile. Le troisième est un pseudo film d'horreur, un plan séquence fixe où on le voit se battre (hors champ) avec une boulette de viande. Le quatrième est une nouvelle mise en abîme avec un tournage (dans le court-métrage dans le film) durant lequel une actrice est assassinée et le monter tente de dissimuler le crime en remontant son propre film. Enfin, le cinquième est un pastiche de science-fiction mêlant chimie, technologie, et espionnage (probablement le plus loufoque). La projection de ces œuvres tourne assez vite à la foire d'empoigne, entre les membres du jury qui font n'importe quoi, le réalisateur qui tente de défendre son projet, et une équipe de tournage (énième mise en abîme) qui documente le processus. L'ensemble flirte régulièrement avec le grotesque et s'essouffle à ce titre assez vite, mais reste un moment bien barré.