Un film vendu sur Lon Chaney qui témoigne une nouvelle fois de ses talents de maquilleurs puisqu'il interprètes deux rôles : un patriarche chinois puis le fils de ce dernier une fois adulte. Pour autant Chaney n'est pas le rôle principale, c'est davantage Renée Adorée (sa fille) qui est au cœur de l'histoire.
Le début est assez intéressant avec la présentation de ce vieil aristocrate chinois, suivi des premières séquences avec Adorée où la direction artistique se montre inspirée avec un très beau décor de l'arrière-cour de la demeure de Mr Wu avec jardin, étang, petit pont etc...
Et puis rapidement, le film souffre de son casting : le fade et transparent Ralph Forbes qui joue l'américain (sacré lourdaud, pas loin du prédateur sexuel) et surtout Renée Adorée dont on ne croit jamais à son personnage de jeune fille chinoise avec son visage potelée et une gestuelle appliquée mais forcée. C'est d'autant plus frustrant qu'on trouve dans le rôle de sa servante Anna May Wong qui l'éclipse totalement avec une présence magnétique et autrement plus d'authenticité dans le comportement. C'est incroyablement déprimant de se dire que les producteurs la limitaient à ce genre de quasi-figuration pour ne pas choquer le public.
De toute façon, le film fait énormément de surplace en se déplaçant jamais de ses 2 décors principaux. Et heureusement tout s'emballe durant le dernier acte quand Chaney revient sur le devant de la scène. Nigh semble se réveiller lui aussi derrière la caméra et donne un ou deux moments inspirées dont un génial plan-séquence avec Mr. Wu se le point de faire un sacrifice pour calmer la colère de ses ancêtres avec un travelling avant ample et saisissant par sa force visuelle.
Le film gagne dès lors une intensité dramatique qu'il conservera jusqu'à la fin, côtoyant par moment une cruauté qui semble s'être échappé de Tod Browning comme cette mère qui doit choisir entre le viol de sa fille ou la décapitation de son fils.
On se doute que le dénouement n'osera pas aller jusqu'au bout. Et ça sera le cas : Mr. Wu bascule vers un racisme primaire qu'il avait réussi à éviter jusque la avec "seulement" un exotisme de pacotille (assez douteux désormais)... sans jamais bien-sûr condamner, ou même nuancer, les blancs qui sont quand même ceux qui viennent foutre le boxon.