Confus, excentrique, inégal. Mais principalement divertissant.
Ce film et moi nous sommes tournés autour un bon moment.
Alors que j’avais treize ans, je cherchais sur Internet des informations sur une scène qui me revenait en mémoire de temps en temps : un petit monstre rosâtre aux yeux globuleux qui épiait une fillette alitée à travers les portes entrouvertes d’une armoire ou d’un placard.
Je n’ai jamais retrouvé cet extrait qui m’a « offert » de nombreux cauchemars durant ma petite enfance, mais je pense avoir déniché beaucoup mieux grâce à ma curiosité de jeune adolescent, catalysée par le pouvoir de découverte encore frais que m’offrait - louée soit-Elle - La Toile.
2003, je saisi les mot-clefs « monster closet » sur le plus fameux de tous moteurs de recherche, avant que ne m’apparaisse cette vision de délices sordides et saugrenus :
http://4.bp.blogspot.com/_NXSelkv6BsE/TNRbYENp2dI/AAAAAAAADJM/VTj4HPck2cU/s1600/inthecloset.jpg
Fasciné par cette manifestation cybernétique, j’enregistre l’image sur mon DD et y pense occasionnellement… les années passent.
Entre-temps je découvre Troma, société de films pionnière en son genre qui nous a gratifiés au fil des décennies de ses classiques grandiloquents, sanguinolents et lubriques, toujours avec passion et « indépendance réelle ».
Puis se manifeste à moi le lien Troma/Monster in the Closet, sept ans après ma première confrontation avec ce dernier. Ma curiosité se ravive.
Si ma naïveté pré-pubère m’a fait concevoir le film d’horreur ultime (ou la pire sorte de navet insipide) en se basant uniquement sur le .jpg que j’avais à ma disposition, le label Troma a conféré une tout autre perspective à l’œuvre que nous allons aborder. Je m’attendais alors à une comédie gore et décalée, évidemment.
Vers 2012 la compagnie de Monsieur Lloyd Kaufman - dans sa bonté infinie – partage une partie de son répertoire gratuitement sur Youtube.
2013, je me décide à me lancer dans la gueule de la bête et à briser le mythe, à tirer mes conclusions.
Première chose, le film est souvent très drôle (quelquefois lourd aussi, malheureusement) et si le côté comédie-insalubre que j’attendais en tant que jeune adulte est bien présent, je peux dire que si j’avais vu ce long-métrage étant gamin j’aurais eu une lecture très au premier degré qui aurait satisfaites également mes attendes de morveux avide d’épouvante.
Un bon potentiel de départ amusant se basant sur le folklore urbain populaire (un monstre voyage de placard en placard pour prendre la vie à toute sorte de gens) qui néanmoins s’épuise vite, le film a ensuite tendance à partir dans tous les sens et à se bâcler.
On note beaucoup de références inutiles qui m’ont faites sourire. Dès la première scène nous avons droit à un « magnifique » poster de Tom Selleck – alors à l’apogée de sa gloire - dans une tenue tout à fait saillante. Le moyen de communication qui s’établi avec la créature est un pastiche de Rencontre du troisième type de Spielberg, la façon de tuer du monstre renvoie à Alien (monstre qui par ailleurs est interprété par Kevin Peter Hall, qui est notamment derrière le masque du predator dans le film de Rietman.) Le spectateur pourra aussi percevoir l’influence de Home Alone lors de l’un des passages les plus faibles du film, ou apprécier le caméo de John Carradine dans une scène hilarante au début. En gros, un beau pot-pourri d’influences et de références.
Je signalerai aussi l’audace du scénario qui fait mourir non seulement des enfants, mais aussi les personnages les plus intéressants avant la fin de l’histoire (avant qu’ils ne deviennent trop lourds sûrement.) Je pense à l’homme de loi sur-caricatural et au scientifique.
Un élément intéressant est la confrontation de trois principaux points de vue vis-à-vis de la créature. L’homme de foi veut la sauver et lui donner sa chance (serait-elle une belle-âme effrayée dans un corps immonde ?), l’homme de science veut la comprendre et l’étudier pour en tirer le meilleur (renfermerait-elle des secrets qui aideraient l’humanité à évoluer ?), et le militaire se base sur les fait concrets et veut seulement la détruire à coups de rafales d’artillerie.
C’est évidemment le militaire qui a raison, il faut buter ce p*tain de truc dégueulasse. Pas de morale à deux francs six-sous. J’aime bien que le parti choisi soit le moins populaire, en opposition avec des récits tels que celui de la Bête de la belle et la bête ou de celui de la créature de Frankenstein (ou de tant d’autres). Le monstre du placard est purement mauvais, il ne mange même pas ses victimes, il s’amuse juste à les buter. Bad to the bone. Sans contraste. J’ai trouvé ça rigolo après que la possibilité contraire soit abordée.
Si vous me dites que le monstre est capable d’aimer en vous basant sur le gag de fin de la « demoiselle en détresse inversée », sachez que je qualifierai plus son comportement d’égoïste qu’autre chose, mais donner trop de profondeur à cette chose serait ridicule.
Parmi tous ces personnages manichéens se trouve un héros insipide auquel vous pourrez aisément vous identifier. Il n’a pas trop de personnalité, il est juste un peu sympa, comme vous. Il apprend à s’affirmer au cours du film et devient un homme qui s’assume.
Il ressemble aussi à Christopher Reeve et a un super pouvoir que j’ai pas compris : quand il enlève ses lunettes il devient irrésistible auprès de la gente féminine. Analogie de la beauté intérieure ? Bof. Élément confus, inutile et incompréhensible ? Je le crains.
Monster in the closet est parfois plein de bonnes intentions, mais aussi parfois fainéant, lourd et confus.
J’ai quand même passé un bon moment, j’ai ri plusieurs fois, j’ai apprécié ces personnages extrêmes et loufoques (mais plats en même temps) et l’ensemble est juste ridiculement amusant, avec une promesse délirante tenue aux deux-tiers.
On ne s’ennuie vraiment que lors de deux séquences, et même s’il y a énormément de facilités, vous vous laisserez embarquer.
Un peu déçu du poteniel " gâché " - en partie à cause d'une décénnie d'interrogations - mais si peu finalement.
C’est con mais c’est bon.