Monster Man
5.5
Monster Man

Film de Michael Davis (2005)

Il y a des films qu’on a vu dans notre jeunesse et qui dans nos souvenirs étaient vraiment cools. On en garde un bon souvenir, pour X ou Y raison, en se disant qu’un jour on les regardera de nouveau. Alors un jour, 20 ans après, on les revoit. Et puis on se dit que, finalement, on aurait dû laisser ces films dans notre mémoire, en se disant que ce qu’on a aimé il y a 20 ans, on ne l’aime pas toujours à 40 ou 45 ans. C’est ce qu’il s’est passé lorsque j’ai décidé de revoir Monster Man (2003), rejeton de Jeepers Creepers, et son boogeyman véhiculé, qui aurait croisé la route de American Pie d’un côté, et Massacre à la Tronçonneuse de l’autre. Alors le côté Massacre à la Tronçonneuse barré fonctionne toujours, le délire « jeesperscreepien » également, mais l’humour graveleux et crétinoïde de toutes ces teens comédies de la fin 90’s / début 2000 a aujourd’hui bien plus de mal à passer. Oui, j’ai vieilli…


Ce n’est guère étonnant de retrouver dans Monster Man cet humour pipi-caca-cul-nibard puisque les deux films précédents du réalisateur, Michael Davis (Shoot’em Up), étaient deux rejetons d’American Pie, à savoir 100 Girls (2000), et American Sexy Girls (2002). L’humour crétinoïde va venir ici des deux protagonistes principaux, Adam, joué par Eric Jungmann, pas sorti de son rôle dans Sex Academy (2001), et Harley, interprété par un Justin Urich (How High) qui semble bien trop content d’avoir enfin un premier rôle. Le côté sexy va venir de la très belle Aimee Brooks (Annie dans Critters 3) et de son sex-appeal naturel. Après une introduction nous annonçant du gore qui tâche façon Saw avant l’heure, le change de cap pour partir dans son délire comico-débilo-fatigant dans lequel, alors en route pour aller assister à un mariage, nous deux amis vont passer leur temps à se chamailler et à se faire des blagues toutes plus lourdingues les unes que les autres, tombant régulièrement dans le bon gros vulgaire. Et oui, que voulez-vous, l’un d’eux est puceau et se réserve à la « bonne », l’autre est un gros lourd qui ne pense qu’au cul et qui en parle tout le temps. Et forcément, quand l’atout charme du film va rentrer en jeu, les blagues grivoises vont continuer, à base de main dans le soutif, de concours de bisou, et de qui la forniquera en premier. Je citais American Pie en intro, fleuron de l’humour bien graveleux (même si moins con qu’il en a l’air), mais Monster Man arrive à faire bien pire en moins de temps. Alors malgré tout, certains gags fonctionnent, surtout dans la seconde moitié du film, lorsque l’humour à la con vient se mêler au côté craspec du film, mais ce n’est clairement pas cette facette là de Monster Man qui fonctionne le mieux et qui retient réellement l’attention.


Là où Monster Man fonctionne bien mieux, c’est pour son penchant horrifique. Alors soyons clair, à aucun moment le film ne provoque quelconque frisson (ce n’est pas ce qu’il cherche), mais malgré son humour à la con, il arrive à instaurer une ambiance bien redneck façon dégénérés congénitaux. Tous les personnages qui vont graviter autour de nos trois héros sont tous amputés, brulés, borgnes et autres problèmes physiques (on comprend rapidement pourquoi). Entre ça, leurs gueules patibulaires et le décor de l’action façon bourgade perdue au milieu de nulle part, l’effet recherché est réussi. Il y a également le look du véhicule du boogeyman, sorte de monster truck tout en ferraille rouillée montée sur vérins hydrauliques, qui fait clairement son petit effet, surtout lorsque les énormes vrombissements se font entendre, bien raccord avec le côté bricolé du boogeyman à qui elle appartient. Ce dernier est particulièrement dégueulasse visuellement parlant, au visage raccommodé façon patchwork de bas étage, constitué de bouts de peaux pendouillants, d’yeux vitreux pas placés aux bons endroits, et de cheveux si gras qu’ils pourraient remplir une friteuse si l’idée venait à un personnage de les essorer. Ça a sincèrement de la gueule et sa « famille » est tout aussi improbable. Le dernier tier du film dans lequel ils sont impliqué est clairement celui qui ravira le plus les amateurs de craspec car, bien qu’au final ce ne soit pas aussi gore que ça (mais attention malgré tout aux âmes sensibles), entre l’ambiance sale que le réalisateur arrive à instaurer et les maquillages et autres effets spéciaux gores crados du plus bel effet (tout en practical), le côté lourdingue de la première moitié du film s’estompe peu à peu et on regrette que Monster Man n’ait pas arboré le ton de sa dernière demi-heure sur l’intégralité du film. D’autant plus que, dans l’ensemble, la mise en scène est bonne, tout comme l’ambiance sonore. Mais cet humour graveleux de bas étage aura à plusieurs reprises eu raison de moi. Je suis peut-être trop vieux pour ces conneries…


Monster Man est plombé par son humour lourdingue typique des teen movie US du début des années 2000. Dommage, car la partie horrifique, avec son boogeyman crados et son véhicule improbable, est plutôt réussie.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-monster-man-de-michael-davis-2003/

cherycok
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il y a 6 jours

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7

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