Promenons-nous en zone contaminée
'Monsters' n'est pas un film de monstres. Pas de Cloverfield meets Jurassic Park. Ce n'est pas vraiment un film de survie non plus: pas de La Route meets District 9 au Mexique, donc.
'Monsters', c'est l'histoire d'un photographe (Caulder) qui doit escorter la fille de son employeur du Mexique jusqu'aux Etats-Unis. Seul problème: entre eux et les Etats-Unis, il y a la zone contaminée. En effet, six ans plus tôt, une sonde de la NASA a détecté la présence de vie extraterrestre dans l'espace avant de se crasher sur Terre, au Mexique, et depuis la zone contaminée est envahie par les Monstres.
L'univers est campé: une contamination extraterrestre, le futur proche (ou immédiat), on pense à District 9 mais la comparaison peut s'arrêter là.
'Monsters" est un film en plusieurs temps. Il y a d'abord le voyage jusqu'à la ligne de démarcation, plutôt bon enfant, les monstres ne sont que les échos de combats au lointain. Puis il y a cette ville à la frontière Sud, et ses deux ambiances: d'un côté on fait la fête, de l'autre on pleure les morts, dus non pas aux attaques des monstres mais aux bombardements américains. L'exfiltration officielle et sure échoue, et les deux protagonistes, qui forment un couple subis sans en porter les stéréotypes (c'est beau quand même) vont traverser la zone contaminée par la terre. Escortes, voyages, fuite, rencontres et escarmouches avec les monstres... le périple se finira à pied, avec un retour sur le territoire américain et une scène finale magique.
En toile de fond de ce voyage il y a la télévision qui nous montre des images du conflit en Nightshot et nous rappelle le conflit qui oppose les monstres aux Etats-Unis, façon bombardement de Bagdad.
'Monsters' réussit l'exploit de mettre en place une ambiance contemplative, peut-être un peu grâce aux héros qui semblent à chaque instant s'émerveiller des paysages traversés, surement aussi grâce à la photographie, au rythme lent du film, à son côté naturaliste. En tout cas, c'est beau et contemplatif, à l'image de la dernière scène du film. Et c'est alors que le documentaire animalier entr'aperçu à l'hotel prend tout son sens: "Locating a mate in the endless darkness can be the hardest journey of all".
Le film est plein de clins d'oeil, d'allusions, de parallèles qui nous montrent le talent de son réalisateur car celles-ci restent subtiles. On s'en rend bien compte à la fin du film: une vieille folle avec la bannière étoilée sur le dos, des monstres assoifés de télévision et amoureux, un retour à la civilisation plus violent que la confrontation aux monstres, c'est beau...
J'ai été surpris par 'Monsters', son ton contemplatif, son côté environnemental (il faut vivre avec la nature plutôt que de l'agresser), même si la nature est contaminée, son couple sans stéréotype, sa capacité à faire peur et à émouvoir.
Pour ne rien gâcher, le film est fort bien réalisé et bien fini (musique, photographie, casting, scénario sont ceux d'un vrai film, au moins je n'aurais pas à me justifier de passer outre les défauts du film parce que "c'est un premier film, tu comprends").
Monsters, bonne surprise du soir
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