Hey les copains, je comprends plus rien aux critiques de cinéma.
Mais vraiment.
Un coup t'entend qu'Emmerich c'est de la bougnasse patriotique.
On te dit que Bay c'est des artifices péteux et sans finesse.
Que Nolan est un metteur en scène qui ne suggère rien.
Bla, bla, bla, bla, bla, bla, bla...
J'aime bien lire quelques critiques par ci par là. Comme beaucoup de monde, quoi.
Et en lisant celles de Monsters j'ai remarqué un truc : certains reprochent au film de ne pas faire ce que font les blockbusters : nous bassiner une morale géopolitique ou fumeuse ; nous jeter à la figure une ribambelle de scènes d'action ; et nous faire croire à l'impossible en montrant l'impossible justement. Là où Monsters laisse longtemps suggérer que ces "choses" ne sont pas ce qu'on dit réellement d'elles.
Il est évident qu'il ne faut pas prendre en compte le budget très minime de ce film pour son appréciation personnelle.
Mais il faut également comprendre par là que ça pèse dans la balance, et en se mettant dans la tête du réalisateur, il y a une question exacte qui se pose : qu'est-ce qui lui est possible de faire ?
Si il fait espérer au début une épopée épique aux retombées cataclysmiques, si il fait allusion à une grande guerre qui devrait éclater mais qu'il ne peut pas employer assez de figurants, ni mettre beaucoup d'argent dans la CGI, elles s'avéreront être des promesses ratées. Nous mettre des étoiles plein les yeux et les noyer de larmes. Ca n'inclut pas qu'une forme parfaite amène un fond parfait, cela va de soi.
Par conséquent, il est forcé naturellement de compenser le manque de moyens par son imagination. Par la façon qu'il a de jouer avec sa caméra pour faire naître un doute permanent à travers une intrigue limitée dans son propos, mais qui ne l'est pas de par son aspect évasif, sa sensibilité esthétique et une approche qui fait presque croire à un reportage ; un tableau réaliste d'un "ROAD MONSTERS". Ces monstres en-dessous de ton lit, sous l'eau d'un lac, au fond d'une grotte ou dans ta boîte à jouets.
Après tout, Monsters ne représente que le premier film de Gareth Edwards. Peut-être le premier d'une longue filmographie. Si il ne s'était pas mis à l'esprit l'idée d'un essai fictionnel qu'il a, selon moi, réussi en grande partie, aurait-il eu la chance de se voir proposer un projet tel que le GODZILLA 2014 ?
Combien de réalisateurs ont fait un coup de maître dès leur premier long-métrage ?
Voyez le cas de Spielberg avec "DUEL". Qu'est-ce que c'était ?
Exactement la même chose, une optique similaire aux prétentions de "Monsters" : Un tournage très court, peu de moyens, du suspense maîtrisé, une bonne dose de minimalisme, beaucoup de suggestion avec cet "ennemi" dont on ne connaîtra jamais l'identité ; se demandant même si il était humain.
Donc oui, tu l'auras compris si tu lis ces lignes, je ne rentre pas véritablement dans le vif du sujet, car cette oeuvre est à mes yeux davantage une "introduction" à la future et belle (je l'espère) carrière d'Edwards.
Nous verrons cette année au cinoche si il arrivera, avec 150 fois plus de billets, à faire ce qu'il souhaite tout en respectant les cahiers de charges et ainsi prouver qu'il est capable d'éclats de génie.
Par ailleurs, Monsters constitue avec "Drive" de Refn une "histoire qui se répète".
L'histoire de deux films aux titres trompeurs mais tout aussi légitimes.
Deux films qui prennent à contre-pied leur genre respectif et les réhabilitent pour revenir à ce qu'ils font de plus simple, de plus sobre, de plus méthodiquement efficace et de plus songeur.