Ca fait une semaine tout pile que j'ai vu Monsters, le film sorti hier, et ça fait une semaine que j'admire les jolies affiches dans le métro qui jette au visage du métronaute (non, ça n'existe pas, mais c'est plus joli que « usager du métro », non ?) les critiques dithyrambiques extraites de je ne sais quel magazine de ciné.
Et ça fait une semaine que je ne sais pas quoi dire sur ce film.
Pourquoi ?
Parce que j'ai adoré. Vraiment.
Et que j'en suis encore tout étonnée.
Comprenons nous bien : ce film à tout pour déplaire et pour être très vite catalogué « film hyper chiant ».
Et en même temps, Gareth Edwards, le réalisateur, il cherche un peu hein. Forcément, quand on voit comment ce film est vendu, je ne serais pas étonnée que les spectateurs sortent dégoutés de la projection.
Monsters porte un nom de film d'horreur, ou de film gore. Un truc qui te remue les trippes. Ce qu'il n'est pas.
Monsters suggère par son affiche, un road movie avec des héros à la personnalité forte, ce qu'il n'est pas vraiment non plus.
Monsters dans sa bande annonce, laisse présager un film apocalyptique et pêchu, ce qu'il n'est pas non plus.
A la sortie de la projection, j'avais cette impression de flottement, de déconnexion totale que je n'ai pas eu depuis longtemps, pas depuis l'époque où j'écumais les festivals de films indépendants. Cette impression d'avoir été projetée loin, dans un ailleurs où rien n'est important à part le moment présent.
D'abord ce film est une uchronie, ou, en tout cas, considéré comme tel par l'humble spectatrice que je suis.
Il y a six ans, la NASA a découvert une forme de vie extra-terrestre dans l'espace et à envoyé une sonde pour ramener des échantillons sur terre. Cette sonde s'est écrasée dans la jungle mexicaine, libérant les particules d'une forme de vie extra-terrestre.
Aujourd'hui, le Mexique et le Costa-Rica sont devenus des zones de guerre désertées par les populations locales, mises en quarantaine et peuplées de créatures monstrueuses.
C'est peut-être une déformation due à Marvel et ses comics mais moi les « what if » déjà, de base, j'adore.
Mais plus qu'une uchronie, Monsters c'est juste une tranche de temps, qu'on passe avec Andrew et Sam. Les dialogues sont naturels. Certains diront sans doute « vides et chiants » mais c'est ce qui les rend réels. après tout, dans une journée, combien de phrases dit-on qui sont vraiment intéressantes ? Exactement, une vraie torture pour un œil extérieur qui nous observerait.
Et ce sont aussi ces dialogues, sans réel consistance, qui font que Monsters n'est pas un road movie classique. Parce qu'à la fin du film, on en sait à peine plus sur les personnages que lorsqu'on les a découverts. C'est encore une fois naturel et logique. On ne connait pas réellement quelqu'un, son histoire, ses passions et ce qui le fait avancer dans la vie après seulement quelques jours passé avec lui. Pourquoi devrions-nous pouvoir lire dans Sam et son compagnon comme dans des livres ouverts ?
Ce film m'a vraiment embarquée, au sens propre du terme. J'ai apprécié les décors, cette sensation d'avancer physiquement avec les deux protagonistes, sans réellement attendre autre chose que d'arriver à la fin. Car j'ai très vite abandonné l'idée de voir les extra-terrestres. Comme les habitants du la zone contaminée, j'ai rapidement fini par les considérer comme faisant partie du décor, sans réel intérêt, et je me suis donc affranchie de toute envie de voir de l'effet spécial à tout prix. Tout comme j'ai très vite abandonné les pistes de réflexions, disséminées ici ou là au grès du film, sur le défenseur devenu oppresseur ou sur les flux migratoires entre les États-Unis et le Mexique.
J'ai apprécié qu'on ne m'impose rien, pas de façon de penser ou de moral, et que je puisse faire ma propre tambouille avec le contenu que ce film m'offrait.
Pour moi Monsters est un film qui se laisse regarder, un moment de détente, une ballade au fil de l'eau, qui relaxe et permet de s'évader. Un petit moment de poésie, incongru dans un environnement qui ne s'y prête pas. Ni plus, ni moins.
De là à vous dire qu'il vaut vraiment les 10 € que coûte une place de cinéma, peut-être pas. Mais si à sa sortie en DVD, vous avez l'occasion de mettre la main dessus et que vous avez un dimanche triste et pluvieux à meubler, alors Monster est fait pour vous.