De l'indolence
L'indolence de la jeunesse, d'un été moite et langoureux, d'une périphérie perdue à la beauté moderne, voilà le sujet du fabuleux Montanha de Joao Salaviza, sans aucun doute l'une des futures figures...
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le 5 sept. 2018
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L'indolence de la jeunesse, d'un été moite et langoureux, d'une périphérie perdue à la beauté moderne, voilà le sujet du fabuleux Montanha de Joao Salaviza, sans aucun doute l'une des futures figures de proue du nouveau cinéma portugais – et donc international.
Réussir un premier métrage en évitant les erreurs de jeunesse demeure un défi que d'aucuns ne parviennent pas à surmonter. Au contraire, Salaviza n'en dit pas trop, faisant d'ailleurs un usage savant du silence qui devient habitable et habité, et s'abstient de produire l'amalgame bariolé qu'un cerveau trop excité et pas assez réfléchi aurait accouché; par ailleurs il s'éloigne des clichés, tant dans le scénario, qu'avec les personnages ou bien la mise en scène; enfin, il fait preuve d'originalité dans son approche matérielle du cinéma et définit d'ores et déjà un style singulier laissant augurer d'un talent certain d'auteur à part entière.
Et en quoi consiste donc ce style singulier? D'abord, l'expression de la lumière, sa révélation, comme dans les magnifiques scènes du baiser pendant le concert, de la conversation avec Paulina dans la cage d'escalier (avec le compte à rebours de l'interrupteur automatique), enfin celles, nombreuses, où les corps nubiles, innocemment sensuels, à la douce peau moirée sont dévoilés par un regard hautement esthétique. Puis, viennent l'art du cadre, la remarquable capacité de trouver la beauté moderne et urbaine d'une banlieue quelconque (le terrain vague, les cages d'escalier, le bus de nuit, les lumières de la ville, une piscine après la fête, …), la pudeur romanesque d'une écriture sobre mais suavement palpitante comme un cœur qui se meurt et enfin l'affirmation d'une mise en scène recherchée quoique elle aussi sciemment contenue. Sans oublier la maturité bluffante du jeune David Mourato.
Une grande promesse en définitive, d'un cinéaste osant s'éloigner de la complaisance d'une démagogie narrative, ce qui n'est pas sans rappeler la subtile veine poétique d'un Antonioni - il aurait d'ailleurs été drôle de voir la note attribuée par de prétendus "cinéphiles" si ce dernier aurait signé Montanha.
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le 5 sept. 2018
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