L'ouest riant de nous, veaux*
Alarmé par la note sans appel d'un renard, je gardais cependant un reste d'espoir, suscité par la présence au casting de mon nouveau chouchou Lee Marvin, secondé par un chouchou de plus longue date, Jack Palance, décrié de façon HONTEUSE par le canidé susmentionné.
Bien m'en a pris; j'ai trouvé ça plutôt chouette, moi, cette histoire de deux poteaux cowboys sur le retour, peinant de plus en plus à s'en sortir dans leur branche évanescente, au crépuscule de l'Ouest Sauvage.
Alors, oui, il ne se passe pas grand chose, et je peux comprendre ceux qui auront trépassé d'ennui.
Pour ma part je me suis peu emmerdé, au final. Ça commence par un joli petit générique enlevé, mis en musique par l'excellent John Barry. Ça continue par une succession de morceaux croustillants : Lee qui essaye tant bien que mal de rouler sa clope du matin, avec Jeanne Moreau (qui passe très bien en prostituée française vieillissante) en travers du corps, ou encore une scène de colique générale.
Puis ça devient plus lent, plus nostalgique, plus amer, et, au moment où on se dit que, dans le genre, on se trouve devant une sorte d'anti-Peckinpah, le film surprend par des passages assez sales (chouette !).
Et dans cette inertie, dans ce vide, dans tous ces portraits peu glorieux, il me semble que l'on trouve quelque chose de bien plus vrai que dans nombre de films du genre. En plus l'ensemble est plutôt joli, entre photographie lumineuse et plans délicats (j'aime beaucoup les pièces vides).
Pour en revenir à mes chouchous, je ne vais pas me mentir à moi-même, on a déjà vu Lee Marvin meilleur, mais c'est, n'en doutons pas, la faute à un registre quand même trop propre et nostalgique pour lui. Et à un changement (précisément à la vingt-sixième minute) totalement impardonnable de sa coupe de cheveux; c'est hyper chaud. Après ça reste Lee donc ça tient la route, faut pas s'inquiéter. Jack Palance est comme d'habitude extrêmement sympathique. Jeanne Moreau, on regrettera juste une phrase en français.
Bon, il n'a rien d'exceptionnel, ce film, il est même trop explicite, mais en même temps il s'en dégage une grande tendresse, une nostalgie, un réalisme amer. Moi il ne m'en faut pas beaucoup plus. Tu ajoutes Lee Marvin et c'est bon. D'ailleurs je recommande à un certain sosie (vraiment ressemblant; si, si) dudit acteur; en ne s'attendant pas à grand chose, moi je dis que ça peut parler.
(*Je vais bien sûr chercher quelque chose de moins immonde comme titre. Mais là je trouvais rien et faut que j'aille taper la tambouille )