Captation d'un festival dont le line-up semble aujourd'hui inconcevable tant la plupart des interprètes sont entrés dans la légende, Monterey Pop regorge de moments cultes : fin de concert détonnante des Who avec cassage d'instruments, moments hors du temps offerts par Jefferson Airplane, masterclass de Ravi Shankar et, c'est bien connu ,mythique guitare en feu signée Jimi Hendrix.
Malgré la qualité indéniable des performances, Donn Alan Pennebaker ne se repose pas sur ses lauriers et offre une proposition de cinéma complète et immersive. En effet, il ne filme pas de la même manière une douce mélodie de Simon & Garfunkel et une performance scénique monstrueusement dansante d'Otis Redding, nous plongeant via le montage dans l'état tantôt contemplatif tantôt euphorique du public. S'il est un plan comme symbole ultime de cette maestria, c'est sans doute celui du visage de profil de Grace Slick disparaissant à la fin de Today, qui vient magnifiquement et en douceur conclure cette interprétation aussi douce que sublime.
Au delà des performances incroyables et superbement filmées, Pennebaker prend aussi le temps de jeter un oeil a l'ambiance du festival, nous régalant de portraits de hippies, de petits dodos pendant les concerts, de campements bien schlags, d'amours naissants et de deals de drogues plus ou moins discrets. Cette démarche culmine aussi en un plan parfait, celui de la préposée au nettoyage de chaise au milieu des sièges vides juste après son interview.
Bien plus qu'une simple captation visuelle de rockstars éternelles donnant tout ce qu'elles ont devant des visuels psychédéliques du plus bel effet - ce qui en ferait déjà un film exceptionnel - Monterrey Pop nous expose ces grands moments musicaux de manière intelligente, arrivant à retranscrire l'ambiance à la fois pendant et en dehors des concerts, ce qui en fait une véritable petite merveille.