Voilà un film charmant même s'il traite de guerre, de mort et de bêtise crasse.
George Clooney prend sur lui de raconter la folle aventure des Monuments Men, ces hommes qui à la fin de la seconde guerre mondiale ont défendu et préservé la mémoire culturelle mondiale menacée, elle aussi, par ces pourris de nazis.
Il prend sur lui beaucoup puisqu'il écrit, réalise, produit et joue dedans: un projet personnel donc.
Il réunit autour de lui un casting 4 étoiles avec Matt Damon, toujours juste, Bill Murray, toujours drôle et émouvant, John Goodman, toujours humain, le français Jean Dujardin à l'époque récemment oscarisé et nouveau BFF qui fait un bon job et l'anglais Hugh Bonneville, toujours impeccable, entre autres.
Mon seul bémol se porte sur Cate Blanchett, non pas sur son jeu, mais quitte à faire jouer un français par un français et un anglais par un anglais, on aurait peut être pu avoir une française pour faire une française. Son accent français n'est pas très bon et son français est encore pire!
Le film emballe tout de même et on suit avec attention et amitié les tribulations de nos héros, un peu fatiguées, mais toujours alertes et surtout motivés.
Il fallait l'être, motivés, pour se jeter dans l'enfer qu'était la fin de la seconde guerre mondiale, en plein milieu de la débâcle allemande, pour sauver tableaux, sculptures, oeuvres d'art en tout genre volés par les Nazi dans toute l'Europe et convaincre les alliés que c'était un combat digne d'être mené.
En effet, et le film pose littéralement la question, est-ce qu'une oeuvre d'art vaut la vie d'un être humain? Il faut tout de même dire que face aux camps de la mort, le Furher Museum semble une menace bien pâlotte et sauver un Rembrandt une mission un peu superficielle face à la libération d'un camp de concentration.
Et pourtant, le film, comme certainement ces hommes avant lui, convainc. Oui, sauver un Rembrandt, le retable de Gand, la Madone de Bruges et tous ces chef-d'oeuvres (ou pas, juste des oeuvres aussi) que ce c.......d d'Hitler voulait dans SON musée, c'est important.
En tout cas, le film a choisi son camp, et je suis d'accord. Personne ne devrait avoir à mourir mais si une personne pense qu'elle le doit pour faire ce qu'elle croit juste alors cette mort n'est pas injustifiée.
Le film porte sur le devant de la scène l'importance de l'art, de la culture, de la mémoire pour une civilisation et pour l'humanité. Ce n'est pas pour rien que les Nazis brulaient les livres, les oeuvres qui ne leur convenaient pas, tout ce qui allait contre leur doctrine de m.... S'ils voulaient le détruire, c'est que c'est important et qu'il faut donc le préserver.
L'art, la culture, la mémoire sont la civilisation tout autant que les institutions et les êtres humains.
Cependant, si le message est fort et l'anecdote intéressant, le film n'est pas puissant. Victime de son casting (qui ne tire pas la couverture) nombreux, l'histoire se disperse et perd en tension.
La fin met l'accent sur une course poursuite contre les Russes, qui eux vont garder les oeuvres au lieu de les rendre, mais il ne rend pas le sentiment d'urgence.
Clooney a eu l'intelligence de mettre l'accent sur 2 oeuvres primordiales : le retable de Gand et la Madone de Michel Ange (Bruges), des oeuvres à l'histoire importante ou unique. La Madone qui est la seule oeuvre de l'artiste ayant quitté l'Italie de son vivant (puis c'est Michel Ange quoi) et le Retable qui est une oeuvre primordiale de la transition entre l'art médiéval idéalisé et l'art réaliste. 2 pièces importantes dans l'histoire de l'art. Il a eu l'intelligence de se concentrer sur 2 oeuvres qu'on peut comprendre être importantes mais il perd ce fil conducteur à un moment donné.
L'histoire de Claire Simone (inspirée de Rose Valland), résistante, dont le travail de fourmi permettra d'identifier tant d'oeuvres est intéressante mais elle est diluée entre toutes les missions et dilue aussi les missions. On cherche les mines et on cherche un château, il faut faire vite à cause des russes et des nazis qui brulent tout derrière eux, mais on passe des semaines à un même endroit. Nos Monuments Men prennent le temps de cataloguer les oeuvres etc ..., on se promène dans les couloirs de mine, on ouvre des portes, ce qu'ils ont certainement fait, mais dans un film ça rend mou!
Un problème de construction et de rythme donc mais qui n'enlève rien au charme de ce film, qui apporte de beaux moments de d'émotion et fait voir la guerre sous un autre jour.