Le dernier film d’Ousmane Sembene, un des plus grands cinéastes de l’Afrique noire, venu du roman pour nous donner en près de quarante ans une dizaine de films tous plus exemplaires les uns que les autres. Auteur engagé, Sembene a réussi le tour de force de faire interdire certains de ses films (Camp de Thiaroye notamment) dans son propre pays, le Sénégal, par le pourtant démocrate Léopold Sédar Senghor, ses sujets étant jugés trop brûlants envers la communauté islamiste de ce pays. Ici, il s’attaque à l’un des pires crimes commis par notre humanité, à savoir l’excision des fillettes sous couvert de religion et/ou d’hygiène, en fait pour extirper la partie masculine de la femme et lui interdire l’accès au plaisir... La force de ce film magnifique d’esthétique, est de ne jamais prendre la forme d’un plaidoyer mais de se cantonner à poser les enjeux, sans jamais se poser en juge ou en moraliste et de laisser ainsi au spectateur la tâche de prendre un parti. Les acteurs sont tous excellents, les images sont belles, les couleurs rendent compte de la beauté africaine et l’ensemble dégage une impression de perfection, tant sur le fond que sur la forme.