Moon
7.3
Moon

Film de Duncan Jones (2009)

(Ambiance)


Pour un premier film, le fiston de David Bowie nous pond une œuvre qui tient sacrément bien la route.


Un homme à Gerty en vaut deux
Déjà, certains lieux communs de la SF sont évités, et c'est avec soulagement que l'on fait la connaissance d'un ordinateur - Gerty - qui cette fois ne se rebelle pas malgré une intelligence si développée que l'on croirait la machine douée de conscience (n'est-ce pas le cas d'ailleurs, lorsqu'on constate qu'elle est même capable de botter en touche quand on lui pose une question qui la dérange ?). L'assistant non humain - mais très humain quand même finalement - va jusqu'à verser dans le mielleux (à ce titre très bonne idée la voix posée de Kevin Spacey). Le genre de contrepied que l'on retrouve à plusieurs reprises dans Moon. Doté d'un budget somme toute modeste, Jones parvient à créer un univers crédible. Le film est cependant aux antipodes d'un Oblivion, pour ne citer que lui, et quand bien même j'apprécie également l'esthétique de ce dernier, le réalisateur débutant emprunte une voie plus intimiste, en retenue, et l'image se pare d'une photographie sobre et minimaliste. Moon constituerait presque un moment de repos pour nos yeux, témoins d'une déferlante de science-fiction et autres films de super héros modernes bourrés d'effets superflus. D'autant que si la bande originale n'est pas la meilleure jamais composée par son auteur, Clint Mansell aura assuré une partition de qualité, et qui colle bien aux images et renforce cette ambiance claustrophobique et désespérée.


Manne on the Moon
L'idée de récoltes sur la lune afin d'en extraire les principales ressources terrestres en dit long sur l'état de notre douce planète en ce futur peu glorieux, alors que la conquête de l'espace a bien avancé, semble-t-il. La World Company de presque feu les Guignols à la mainmise sur toutes ces activités, et c'est peu reluisant pour le salut de l'humanité. A mon sens, le film contient assez d'indices pour nous laisser déduire tout un tas de choses, et le déficit de scènes dites pédagogiques permet ainsi au spectateur de s'immerger, d'être dans la lune, mais de manière attentive, et savourer des thèmes savamment exploités. L'aspect contemplatif de l'édifice tend à engendrer quelques longueurs, sans doute est-ce là ce qui trahit le manque d'expérience de Duncan Jones dans la gestion du rythme et de la narration. Heureusement, les acteurs font un travail admirable. En effet, Rockwell porte le film avec un naturel et une justesse confondants. Dans Moon, il fait le chaud et le froid, et à ceux qui diront "Sam' fait ni chaud ni froid", je leur répondrai simplement "c'est comme le Port-Salut: Sam rocks well".


Pour le reste, Duncan Jones se fend d'un premier long métrage prometteur, et fait voyager le spectateur dans l'infini par le prisme d'une base lunaire isolée. Si je devais énoncer un point négatif, ce serait sans aucun doute cette fin expédiée, à la portée optimiste, et qui dénote totalement avec tout ce à quoi le spectateur a assisté au préalable vis-à-vis du message véhiculé, et du ton employé. Finally, There is a Happy Land.


(merci Embrouille)

Gothic
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Séance de rattrapage ciné - La liste dont VOUS êtes le héros !

Créée

le 14 juil. 2015

Critique lue 2.5K fois

64 j'aime

9 commentaires

Gothic

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

64
9

D'autres avis sur Moon

Moon
real_folk_blues
8

Gens de la lune

Avec trois francs six sous de budget ( environ 0.56 cents d'euros) et un acteur, Bowie junior nous livre sans doute l'un des films de SF les plus interessants et personnels de ces dernières...

le 8 mars 2011

124 j'aime

6

Moon
Gothic
8

Life on Moon ?

(Ambiance) Pour un premier film, le fiston de David Bowie nous pond une œuvre qui tient sacrément bien la route. Un homme à Gerty en vaut deux Déjà, certains lieux communs de la SF sont évités, et...

le 14 juil. 2015

64 j'aime

9

Moon
Torpenn
6

Lune et l'autre

Moon, attendu un peu comme le loup blanc suite à une jolie réputation et une non-sortie française un peu incompréhensible appartient à un sous-genre de S-F qui n’est pas antipathique en soi : la vie...

le 16 août 2012

50 j'aime

13

Du même critique

Lucy
Gothic
2

Tebé or not tebé

Nuit. Tisane terminée. Film terminé. Gothic ôte son casque à cornes pour s'essuyer la joue tant il pleure d’admiration. Nomé(nale) quant à elle s'empresse de fuir pour cacher ses larmes de...

le 7 déc. 2014

276 j'aime

53

Blade Runner
Gothic
10

Le Discours d’un Roy

[SPOILERS/GACHAGE] Nombreux sont les spectateurs de "Blade Runner" à jamais marqués par le monologue final de Roy Batty, ce frisson ininterrompu le temps de quelques lignes prononcées par un Rutger...

le 3 mars 2014

261 j'aime

64

Bienvenue à Gattaca
Gothic
10

Ah ! Non ! C'est un peu court, génome !

A la suite d'un "accident", Jérôme est en fauteuil. Devenu "semi-homme" pense-t-il, ce mytho contrit ressent le besoin de s'évader, tandis qu'à Gattaca, Vincent est las de jouer les majordomes. Ce...

le 16 oct. 2014

256 j'aime

39