Quand le salaire devient une remise de peine...
Avouez que ça vous rappelle le bon souvenir d’un Outland ! Sérieusement, l’univers de cette série B est suffisamment stimulant pour mériter clairement une gentille réévalutation de l’anonymat dans lequel le film est maintenu. Certes, inutile de chercher la subtilité. Les différents personnages sont tous des enclumes dont on juge de l’étoffe au premier coup d’œil (entre le stewart effeminé, le blondinet sadique, la montagne de muscle et le héros clope au bec…), l’histoire est sans fioritures, les ingrédients sont dans le plat, bien identifiables. Mais cela ne gâche pas pour autant le plaisir de découvrir un monde dont on explore peu à peu la fonctionnalité. La façon dont est amenée l’exploitation minière de l’espace (minimaliste : minerai = carburant) est bien amenée par l’intermédiaire de conseils de direction réalistes, et c’est finalement dans l’enjeu de cohabitation entre les détenus et le personnel normal des installations que le film finit par développer le plus. Quand des contraintes économiques poussent une multinationale à employer la seule main d’œuvre qualifiée qui lui reste (les prisons militaires) à des coûts minimes (simple réduction de peine), quelles situations sont amenées à apparaître ? En l’état, des exactions apparaissent vite dans les deux camps, parfois avec une violence inattendue de la part d’un réalisateur comme Rolland Emmerich (le viol d’un opérateur dans une sordide salle de douche). S’entame alors un jeu de coup pour coup discrètement joué dans le dos des militaires chargés d’encadrer la manœuvre, n’hésitant pas à sacrifier quelques personnages dans l’affaire. Malheureusement, le film ne saisit jamais complètement ce sujet à bras le corps, et ferme trop vite des pistes excellentes (violé par le détenu dont il avait la charge, l’opérateur chargé de guider son appareil l’écrase dans un ravin… Dilemme intéressant… à l’issue décevante). On voit vite d’ailleurs que le film jongle avec différentes idées, sans en développer une particulièrement. Il y a donc les patrouilles de défenses avec les exercices, bien sûr (très Avatar dans l’ambiance), mais aussi la fameuse traque de la taupe dans le personnel de la base, avec son petit lot de fausses pistes. Des détails sensés densifier le suspense, sans jamais prendre réellement. Toutefois, le film tente de faire des efforts pour assurer une petite cohérence à l’ensemble, et parvient surtout avec ses patrouilles à faire voyager un peu la caméra, en nous aventurant à l’extérieur de la base. On sent un budget pas très mirobolant dans les maquettes filmées en gros plan évident, aux explosions pas toujours maîtrisées et aux décors pas toujours bien éclairés. Mais mis à part ces inconvénients techniques, fait rare, le film n’est pas handicapé par ses acteurs, parmi lesquels on retrouve des trognes aussi sympathiques que celle de Malcolm McDowell. Des petits détails qui font plaisir, et qui contribuent à faire de Moon 44 un petit plaisir léger dans son domaine, suffisamment original pour assurer le divertissement, mais pas assez loin hélas pour devenir un film notable. Une honnête entreprise.