La meilleure parodie de James Bond... est un épisode de James Bond.
Avec du recul, on pourrait se dire que Johnny English n’est pas la meilleure parodie de James Bond. Le titre pourrait être remporté par Moonraker, tant l’esprit de ce dernier s’évertue à tirer vers le bas une franchise qui s’essoufle (sans parler de Roger Moore qui commence à avoir quelques rides). Dès le début, on est mort de rire, tant le film tend vers le nanar cher. Une navette arrimée à un avion décolle de ce dernier. Mouais. Mais je sens qu’elle ne doit pas avoir assez de vitesse pour le faire en vrai. Arrive ensuite James, emballant une gisquette avec sa plus grande classe avant de nous gratifier d’une cascade spectaculaire en volant le parachute d’un pilote d’avion. Tout, absolument tout dans ce film est voué à faire du James Bond Bigger than life. On veut faire le james bond le plus « je me la pète », et ça se voit. Rien que les délires mégalomaniaques de Drax sont à se plier en quatre : il possède un complexe spatial ridiculisant la NASA (donc les USA), a déplacé un château français (enfoiré de voleur de patrimoine !), a acheté la tour eiffel, a construit une base spaciale au moins 20 fois plus grande que MIR sans avoir éveillé l’attention d’une super-puissance… Bientôt, c’est l’autoroute pour Mars et la conquête de la voie lactée. James arrive en mode décontract, porto en main, découvrant qui est le méchant en moins de 5 minutes (c’est simple : Drax commande son exécution avant même qu’il ait commencé son enquête. Mais qui sait, au bout de 20 enquêteurs disparus, le gouvernement va se lasser et classer l’affaire). Tout alors s’enchaîne dans un rythme incroyablement lent, Roger Moore passant son temps à cabotiner sans panache, quand il ne prend pas des microfilms de documents sur lesquels on ne voit rien (mais rien du tout ! Il prend des risques pour rien). Et le script se fout ouvertement de notre gueule, nous offrant des enjeux en apparence ambitieux qui ne sont là qu’à des fins économiques. Ainsi, toute une partie de l’intrigue se passe à Venise. Pourquoi ? Pour nous faire voyager. Sinon, aucune raison particulière, le labo n’ayant aucunement besoin d’être sur place, mais bon, on pourra filmer le palais des doges, comme ça. Et là, encore mieux qu’un Michael Bay, James Bond démolit 1000 ans d’histoire de travail du verre en démolissant l’intégralité de la collection d’un musée en se battant avec un Ninja. Oui, un Ninja pas du tout anachronique, comme dans Ninja commando. Un grand moment de nanardise, où James tue carrément son ennemi de sang froid, avec une réplique à prendre au trente-sixième degré tant elle le ferait passer pour un nazi. Après, on part pour Rio de Janeiro. Pour assister au carnaval et faire une cascade sur un téléphérique. Aucune autre raison. Ah, si, pour voir la bouille de Requin, le tueur le plus ridicule de la saga, devenu très populaire avec L’espion qui m’aimait et qui fait donc logiquement partie du casting de ce block buster traumatisant. Le film cumule pas moins de 3 séquences gadgets. Trois ! Déjà qu’une séance, c’est très j’me la pète, trois ! Avec des gadgets totalement inutilisables, virant même sur le ridicule. Mais ça, ce n’est rien comparé au final de ce chef d’œuvre. Star Wars a bien marché ? Le scénariste en a bien pris note, et a décidé de le refaire avec James dans le rôle de Han Solo. On a droit à un combat de spationautes à coup de rayons lasers, de combats en apesanteurs, d’une station spatiale qui se démolit en défiant toutes les lois de la physique (elle éclate par morceaux pour laisser le temps à nos héros d’embarquer, et ne se carbonise pas en entrant dans l’atmosphère). Et James qui tue Drax au cours d’un dialogue tellement cynique qu’il en deviendrait culte, ça achève le spectacle, intensément jouissif ou cruellement déstabilisant. Au moins, avec ce James Bond, on saura que baiser en apesanteur, c’est possible ! Bravo James, tu as passé un cap, celui d’égaler Michael Bay avec un kitch merveilleux, un scénario inexistant et des acteurs en mode alimentaire. Un gros, gros moment de fou-rire.