James débande.
Pas évident pour un reliquat de la Guerre Froide , macho et un peu con, de cohabiter avec les étoiles. Le temps qui passe fait des ravages et James Bond est comme nous tous, il ne rajeunit pas. Il a...
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le 6 avr. 2014
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Moonraker se trimbale la réputation d'être un des plus mauvais James Bond, aussi je n'avais jamais pris le temps de le regarder. M'étant attendu au pire, je m'inscrit désormais en faux avec ce consensus, et clame haut et fort après visionnage que Moonraker est très clairement un des James Bond de tous les temps.
Tout d'abord regardez moi cette magnifique affiche. Sachez qu'elle n'est pas du tout mensongère, elle est tout à fait représentative de l'œuvre en question. Cela devrait mettre la bave aux lèvres à tout cinéphile qui se respecte. Si vous n'aimez pas les raclis cosmonautes au décolleté de choristes de r'n'b, si vous n'aimez pas les méchants acromégaliques à chicots métalliques, si vous n'aimez pas les pistolets laser, allez vous faire foutre.
Karl Marx disait que l'histoire se répète toujours 2 fois, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. Il ne croyait pas si bien dire. Voulant à l'évidence damer le pion à une certaine guerre des étoiles sortie 2 ans plus tôt, James Bond s'est engouffré dans le filon de la SF avec un pitch des plus frappadingues. En guise de super-méchant nous avons l'immense Michael Lonsdale dans le fucking château de Vaux-le-fucking-Vicomte (pas mal non? c'est français) avec un plan machiavélique et génial non pas du tout qu'est-ce que je raconte il est complètement con ce pitch. Sorte d'Elon Musk Folamour à la tête d'un programme spatial clandestin à lui tout seul, il veut fonder une arche de Noé en orbite pour y recréer une race supérieure après avoir exterminé la population terrestre. C't'à dire tu vois, le mec il a un plan ridicule pas crédible une seconde, mais c'est Michael Lonsdale quoi, donc t'as les jetons un peu quand même.
Surtout, Moonraker a le bon goût d'être pété de thunes, ce qui n'a pas toujours le cas dans un James Bond (con fere les effets numériques crapoteux de l'ère Pierce Brosnan). Un gros tas de pognon, à la tête duquel a été parachuté un yes-man docile, prompt à nous offrir tout ce qu'on veut. Au-delà du fait que le film offre des décors opulents et des intérieurs réellement chouettes (château de Vaux-le-Vicomte, Venise, un centre spatial, une cité précolombienne, une station spatiale de bz, des bases secrètes de badguy en veux-tu en voila…), qu'y trouve on? En vrac, un kidnapping de navette spatiale en plein vol, une baston dans un téléphérique, une course-poursuite en gondole dans les canaux de Venise qui se poursuit sur terre (oui cherche pas), la sale trogne de Requin qui revient toutes les 10mn comme un running-gag d'OSS 117 pour tenter de goumer James d'une façon toujours plus stupide, des gags à la Bip-Bip & Coyote, bref n'en jetez plus.
Moonraker, c'est la définition du cool et du ranafoutisme le plus irresponsable. Tant pis pour le qu'en dira-t-on, semble hurler le producteur à chaque plan en fouettant le réalisateur. Une scène cool en chasse l'autre, une incohérence scénaristique en chasse l'autre, une explication ad hoc en chasse l'autre, un gadget ex machina en chasse l'autre. A un rythme pas si effréné certes, car la réal reste désespérément quelconque et pépère. Il n'empêche. Fâchez-vous comme vous voulez je m'en fous, moi j'étais acquis à la cause dès la première scène.
Le lymphatique Roger Moore campe ici un James plus Chuck Norris que Bond, d'une badassitude crasse et absolue débordant par toutes les fibres de son smoking, à en faire passer Sean Connery pour un têtard élevé par Timothée Chalamet. Y balance catchphrase sur catchphrase, pécho la moindre figurante aperçue à l'écran en ayant à peine pris le temps de dire bonjour, saute d'un avion sans parachute, fait des donuts sur la place Saint-Marc au volant d'une gondole-gadget homologuée pour la route, affronte un anaconda à mains nues même si certes n'importe quel homme un minimum entrainé peut vaincre un anaconda avec un couteau, à mains nues c'est pas forcément plus compliqué ça demande juste de la technique, t'auras toujours des puceaux pour dire que c'est impossible alors que rien n'est impossible avec de la volonté les amis. Il a beau se rendre sur 3 continents en l'espace d'un film de 2h, des sbires surgissent toujours d'un peu partout au bout de 2mn. Mais l'espion le moins discret au monde n'en a cure. Qu'on veuille le déglinguer à coups de fusil, pistolet laser, corbillard, centrifugeuse, sabre de kendo (sic) ou speedboat volant, il n'en a cure et prend toujours le temps de remettre en place son col de chemise avec un sourire en coin après avoir tout fait péter tellement il est cool. James Bond ne vieillit pas, il mûrit. Ses cheveux ne blanchissent pas, ils s'illuminent. Avé lui !
C'est certes complètement con et vain, et ce déluge de postures crâneuses en devient même souvent franchement cheesy. Et puis le dernier acte avec les références pachydermiques à 2001 franchement grandissez les gars. Mais c'est une connerie salutaire et réjouissante, dont le jusqu'au boutisme dans le n'importe quoi et le cliché fait autant rire que dans une bonne parodie. En tout cas c'est toujours plus recommandable que Meurs Un Autre Jour (pas dur vous me direz).
Une prochaine fois je me le repasserai dans un état second, ça doit être d'autant meilleur.
Créée
le 14 oct. 2024
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