Dix ans après qu'Armstrong ait posé le pied sur la lune, la mode était à la conquête spatiale. Mais envoyer Bond dans l'espace était franchement grotesque. D'autant plus que le reste du film est à l'avenant.


A commencer par le méchant, un châtelain français - Hugo Drax - joué par le français Michael Lonsdale, habitué des films d'Oury, de Mocky, de Truffaut ou de Duras. Il est ici rendu complètement détaché et inexpressif. Il ne fait ni peur, ni sourire, ni... quoi que ce soit. Il fait l'effet d'une coquille vide, dont on ne ressent même pas une hypothétique cruauté sous-jacente, alors qu'il lâche ses chiens sur Corinne (Corinne Cléry) dans une séquence particulièrement gratuite. Ses seconds couteaux ne sont pas lotis à meilleure enseigne : le pauvre Requin, qui rempile pour un film, a l'air cette fois complètement débile. Et voilà qu'en plus il tombe en extase devant une jeune fille à couettes blondes. On aura tout vu ! Quant à Chang (joué par Toshiro Suga, aujourd'hui grand aïkidoka français), c'est un personnage muet, impavide qui affronte Bond dans une séquence de bokken franchement faiblarde.


Dès le début, les dialogues sont téléphonés. Même ceux de Bond. Les scénaristes en rajoutent sur un humour qui retombe complètement à plat. Sans même parler du voyage spatial, les invraisemblances sont légion : la scène de pré-générique est du grand n'importe quoi. Requin survit à une chute de plusieurs centaines de mètres sans problème. Il survit aussi à un plongeon dans les grandes chutes d'eau d'Iguazou. C'est sûrement le nouveau Superman. Dans la scène du téléphérique de Rio de Janeiro, il a l'idée de sectionner un câble mais pas deux, ce qui enverrait pourtant Bond et la Bond Girl Goodhead valdinguer à une mort certaine.


Les destinations de Venise ou de Rio sont l'occasion de beaux paysages. La gondole de Bond sur coussin d'air paraît par contre beaucoup plus ridicule qu'ingénieux. Quant à la station spatiale, il ne s'y passe pas grand-choses : le public était sans doute censé voir le simple spectacle spatiale avec une extase religieuse. Les décors sont passables, mais on est un peu moins indulgent quand on sait que Star Wars (1977) et Alien (1979) s'en sont sortis avec trois fois moins de budget (11 millions de $ chacun contre 34 million $ pour Moonraker) ! Le discours rapide de Drax sur son délire eugéniste ne casse pas trois pattes à un canard...


Dur de trouver quelque chose à sauver dans ce nanar fini. Peut-être la séance avec le boa constrictor, ou la Bond Girl Holly Goodhead (Lois Chiles) qui malgré un rôle nunuche à souhait montre qu'elle a quelques talents de comédienne.

filmdeouf
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le 10 avr. 2015

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