When I was a child, I was a boy scout
Ça fait un moment que j’aurais du faire cette critique. Mais bon j’ai toujours du mal à prioriser les choses, j’ai toujours eu du mal à savoir si je devais aller rêver, courir dans les bois, lire, aller boire un verre ou écrire des critiques. Si j’avais été sur une petite île où le temps s’arrête et où on voit des oiseaux aux yeux de biches, où on part à l’aventure comme on quitte une tente, c’est à dire discrètement mais avec audace, je crois que là j’aurai pu réussir assez facilement à choisir le bon ordre.
Avec Wes Anderson, tout paraît plus simple. Tout paraît beau aussi. Tout paraît irréel. On est toujours face à un microcosme, que ce soit un bateau, une île, une famille, un train, un terrier ou un hôtel (j’ai hâte, je vous l’avoue). On s’attache à des personnages merveilleux. Pas merveilleux dans le sens de «Possédant des caractéristiques fantastiques» mais dans le sens de «Possédant une fougue, une naïveté, une volonté qui leur fera franchir, obstacle, barrages de scouts belliqueux, opposition parentale, la police locale et les plus forts orages».
Parfois dans mes critiques vient ce moment délicat où je suis obligé de prévenir les gens, de briser leurs espérances. Parmi vous lecteurs, dans ce monde, on peut trouver des salauds, des sans âmes, des sans coeurs, des gens sans enfance, sans sourires et sans émerveillement. Et pourtant c’est beau la capacité à s'émerveiller. Mais qu’importe, on trouve donc malheureusement des gens qui vont décrier avec fougue le travail de Wes Anderson. Dans mon esprit ils finiront avec les personnes qui ne se laissent pas séduire par l’émotion des Capra, c’est à dire à bruler dans les flammes de la solitude, de la haine et celles que j’aurai allumé histoire de me débarrasser de leur présence si morne. Dans tous les cas sachez le, oui Moonrise Kingdom ne plaira pas à tout le monde. Et à chaque fois que je relis cette dernière phrase une petite larme apparait au coin de mon oeil droit.
Si on en revient à Moonrise Kingdom, c’est toute une galerie de personnages, des acteurs utilisés avec justesse, des tableaux tout simplement incroyables, c’est l’usage de deux acteurs à contre emploi avec talent. C’est surtout l’histoire d’un orphelin binoclard et d’une petite rouquine et ça danse sur une plage par ce que vous savez c’est le temps et des cerises et il fait beau et «This is our land !». Aaah ! C’est fou comme c’est plein d’émotions, plein de sourires, plein de moments qui font penser au spectateur que c’est tout de même mieux d’être un enfant et que parfois quand on est adulte on est pas très fort pour être naturel et pour communiquer.
Moonrise Kingdom à travers cette échappée belle qui va perturber toute une communauté, c’est une petite épopée qui part de plus en plus vers l’irrationnel et l'incontrôlé, c’est des évasions, des mariages, des éclairs et l’arche de Noé.
Une photo et une bande originale qui marchent à merveille permettent de clore le tout. En beauté.