J'ai beaucoup hésité entre un 7 et un 8 mais rien que pour l'aspect totalement enchanteur et unique du cinéma de Wes Anderson, je ne pouvais pas me résoudre à le "sous noter".
J'ai découvert le travail de ce réalisateur, comme tout le monde, avec "la famille Tenenbaum" et je suis tombé immédiatement sous le charme de son univers : un cinéma tout en drôlerie, en poésie, en tendresse et parfois en cynisme.
Certains diront que tous ses films n'ont pas la même "puissance" évocatrice mais il n'en reste pas moins un cinéaste unique et nécessaire dans une production un peu trop souvent aseptisée.
Avec Fantastic Mr Fox, il a réussi à transposer sa patte au monde de l'enfance dans un film d'animation intelligent et tellement drôle qu'il surpassait largement une bonne partie des autres films du genre.

Moonrise Kingdom est un peu l'enfant adolescent de Mr Fantastic Fox.
On y retrouve ce ton si particulier, ce décalage un peu enfantin mais qui se révèle plus adulte qu'il en a l'air.
Déjà dans Mr Fox, on avait cet aspect hors du temps (dans le choix de l'animation notamment) qu'on retrouve dans la réalisation de Moonrise Kingdom.
C'est d'ailleurs une des choses que j'ai le plus aimé dans ce film, le côté vintage où certains plans sentent bons les vieux films de vacances totalement défraîchis.
Tout est d'ailleurs mise en scène pour accentuer cette sensation : les costumes, les décors, la lumière, la lumière et la musique totalement envoûtante ( comme dans la plupart des films d'Anderson)
A côté de ça, on ne peut ignorer la douce folie qui traverse ce film au moment où on l'attend le moins ( la majorité des scènes avec les scouts en est le parfait exemple) et qui donne tout le sel et la qualité à une histoire qui est d'une simplicité déconcertante.

Deux enfants de 12 ans tombent amoureux et décident de fuguer ensemble mais scouts et parents ne comptent pas les laisser vivre leur idylle.
Derrière ce pitch, somme toute basique, se cache un propos plus dense. Plus qu'une histoire d'amour, c’est l'histoire du mal être de 2 enfants qui voient dans leur rencontre, un moyen d'échapper à leur vie morne et sans intérêt. (la vision des actions sociales ou des parents adoptifs est assez effrayantes)
Ce mal être, on ne le retrouve pas que chez les enfants mais aussi chez les adultes : dans le couple Murray / McDormand, par bride chez Norton (impeccable chef scout sorti tout droit de l'esprit fantasque d'Anderson) mais surtout chez Bruce Willis (qui prouve qu'il sait encore jouer autre chose que les sauveurs du monde retraité).
Cette tristesse latente n'est absolument pas pesante, tout est écrit avec beaucoup de finesse.
C'est comme l'humour du film, je pense qu'il peut être perçu plus ou moins différemment suivant le spectateurs, tellement celui-ci est décalé et apparaît à des moments totalement inattendus (souvent dans des scènes plus grotesques que loufoques)

Moonrise Kingdom est un film tendre, unique qui prend le risque de laisser certains spectateurs sur le bord de la route mais qui offre un spectacle à part et rafraîchissant.
C'est aussi beau à voir qu'à écouter et ça ce n'est pas donné à beaucoup de film.

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6
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