C'est toujours un plaisir de rentrer dans ce monde si typique de Wes Anderson, fait de vieilleries amusantes et de couleurs apaisantes. Son univers marqué, si léger mais jamais niais, lui permet d'aborder des sujets importants et il ne s'en prive pas avec son dernier bébé. A travers deux pré-adolescents futés de tout juste 12 ans sont posées des questions comme l'isolement, l'exclusion sociale mais aussi la difficulté de grandir en s'affranchissant d'un cadre familial qui ne nous convient peut être pas. Qui sont les gens que l'on qualifie d'équilibrés, ceux qui suivent instinctivement un chemin confortable ou ceux qui ont l'esprit plus bouillonnant, une envie de liberté autre que celle qu'on leur propose.

Heureusement, toutes ces questions sont abordées avec la légèreté qui caractérise les films de Wes Anderson. En donnant à tous ses personnages des allures qui puisent directement dans les plus forts stéréotypes, il leur permet de se révéler tout au long du film, leur insufflant petit à petit l'humanité qui anime leur apparence si pittoresque. Comment parler de ces personnages sans évoquer les acteurs qui leur prêtent leur souffle l'espace d'une séance. Ils sont tous géniaux tant ils prennent du plaisir à casser cette image que l'on peut avoir d'eux. Norton est touchant en chef scout impliqué mais aussi dépassé par une routine qui l'étouffe quelque peu. Willis est génial en flic désabusé ayant préféré une vie d'ermite parce que délaissé par cet enfoiré de cupidon ! A retenir également, la jeune Kara Hayward, vraie révélation que ce joli minois au regard déstabilisant, qu'on va sans doute revoir d'ici peu en salle obscure.

Il faut dire qu'elle est aidée par ce traitement adulte qu'Anderson fait des enfants. Tout en leur laissant l'innocence qui les caractérise, il les pare de caractéristiques, physiques et psychologiques, qu'ils pourraient avoir plus tard. C'est fait avec subtilité et permet au film de ne jamais tomber dans le conte pour enfant typique, niais et moralisateur. Non, ici, on a juste affaire à des gamins hauts en couleur, au caractères bien trempés et vifs d'esprit. Cette bande de scouts est géniale, on la prend en affection dès le début du film pour suivre, entre rire et sourire, leurs folles tribulations dans une quête de l'amour véritable. Là dessus, on retrouve évidemment ce qui fait partie intégrante de l'ambiance des films de Wes Anderson, des idées loufoques qui font mouche. Comme ce petit trou découpé dans la toile de tente et délicatement recouvert d'une carte géographique, preuve première de la fugue des deux amoureux. Moonrise Kingdom, c'est le genre de film qui me parle tant l'envie à son origine y est palpable. J'en ressors le sourire aux lèvres, apaisé par tant de douceur et de sincérité.
oso
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le 17 févr. 2014

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