J'ai beau essayer de me préserver des lectures cinéma avant d'aller voir un film, il faut cependant reconnaître, parfois, que la réputation de certaines oeuvres les précède.
Morbius souffrira donc de cet a priori, qui rappellerait presque, pour le masqué, les échos de la souffrance endurée pendant la séance de Venom en 2018.
En grand naïf qu'il est, le masqué pensait que Daniel Espinosa n'était pas le premier venu, et qu'il avait bien aimé Sécurité Rapprochée ainsi que l' origin story officieuse de Venom que constituait Life.
... Mais il oubliait un peu vite qu'il en était de même avec Ruben Fleischer.
En grand naïf qu'il est, Behind se disait, pendant le premier tiers de Morbius, que le film se laissait voir, sans plus, et qu'une promesse d'oeuvre un poil plus noire que la moyenne pouvait se dessiner.
... Sauf que cet équilibre précaire n'aura duré qu'un tiers de la séance.
Car si Morbius est plus regardable que Venom, et un peu mieux filmé, il n'y aura pas non plus de quoi pavoiser devant ce que Sony nous refourgue, nouvelle pièce d'un étrange puzzle d'un Spider-Man universe sans sa figure de proue.
Car passé ce premier tiers et une scène de baston dans un métro qui a tout du patchwork, plus grand chose à signaler dans un scénario paresseux entièrement calqué sur la première aventure du symbiote, jusque dans un mirror match qui a tout de l'insipide.
Car passée la présentation d'un personnage principal qui aurait pu se montrer shakespearien, on ne fait finalement qu'effleurer le dilemme qui l'étreint, la malédiction qui aurait pu en faire un personnage à part dans l'univers Marvel.
Un symptôme alarmant, qui montre bien qu'un personnage de troisième ordre, qui n'a pas fait une apparition dans un comics depuis bientôt Dieu seul sait quand, n'avait pas les épaules et la substance pour investir un film à sa gloire. Tout comme le fait que Michael Morbius, finalement, Sony en a fait un gloubiboulga entre Spider-Man, Daredevil, Batman et Quicksilver. C'est dire à quel point il est unique aux yeux de ses producteurs...
Tandis que son antagoniste n'inspire tout simplement rien et gangrène le film dans certaines scènes à la limite du ridicule.
Et le comble pour un tel sujet, c'est que presque aucune goutte de sang ne saura versée plein écran, de quoi imposer Morbius comme le premier vampire hygiéniste du genre comic book movie.
Et quand on se prend à penser que le film a tout de la bromance contrariée doublée d'un sous-texte problématique au regard du climax, pour le moins expédié, il apparaît évident que Morbius a été tellement tripatouillé qu'il semble comme étranger à lui-même. Même si c'est toujours meilleur que Venom...
Oui, c'est pas difficile non plus, en effet. Tout comme de deviner que le véritable sot, dans cette histoire, c'est bel et bien le masqué.
Behind_the_Mask, vampire en toute innocuité.