None of them knew...
Je dois l'avouer, le trailer de Morgan m'avait bluffé. Au point que même en voyant les notes assez déplorables que se ramassait le film, j'y suis allé sans trop réfléchir. Et ben merde...
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le 30 sept. 2016
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Alors qu’il s’occupe de la post-production de Prometheus 2 (désormais connu sous le titre d’Alien : Covenant) et de la mise en chantier de Blade Runner 2 avec Denis Villeneuve, Ridley Scott a su trouver le temps pour lancer son deuxième fils Luke sur le devant de la scène. Et contrairement à son frère Jake (Welcome to the Rileys), il faut bien avouer que le rejeton se montre assez ambitieux en s’attaquant tout bonnement à un thriller de science-fiction. Reste à savoir si le talent de metteur en scène propre à Ridley Scott se transmet au fil des générations. Et après avoir vu Morgane, une réponse négative vous paraîtra somme toute évidente.
Mais il faut bien admettre que même le papa d’Alien et de Gladiator a déjà révélé ses limites au cours de sa filmographie, démontrant qu’il est un très grand réalisateur ayant toutefois besoin d’un bon scénario pour livrer un film tenant la route. Avec Morgane, Luke Scott semble malheureusement se plier à la même logique, ne faisant que mettre en images une histoire qui en décevra plus d’un. Sur le papier, le long-métrage s’annonce prometteur, psychologique et complexe. Il suffira cependant d’un simple visionnage de la bande-annonce pour se rendre compte que malgré cela, Morgane n’a franchement rien d’original. Et pour cause, le film se présente comme un ersatz de Splice ou encore du récent (et excellent) Ex Machina, abordant le même sujet à quelques nuances près : une création de l’homme, à l’intelligence décuplée, isolée de toute vie, qui se retourne contre ses géniteurs car ayant dépassé un stade d’humanité encore plus avancé que la norme. Un voyage en terrain connu pour le spectateur donc, qui aurait pu se renouveler via quelques variantes scénaristiques. Il n’en sera rien…
Restant bloqué à son postulat vu et revu, Morgane part dans toutes les directions possibles sans prendre le temps de se poser et d’exploiter certaines idées pourtant excellentes. Comme présenter une communauté de personnes isolées depuis des années qui peuvent se retourner contre cette étrangère venant nuire leur quotidien. Mais tout cela ne restera qu’à l’état débauche pour finalement n’être que le récit d’une créature aux pulsions meurtrières parce que… c’est comme ça ! Parce qu’il le fallait, pour justifier l’étiquette de « thriller » de l’ensemble. Pour justifier un twist final prévisible et ridicule au possible. Ce qui entraîne comme conséquences des personnages manquant de présence (nous avons même le droit au beau gosse de service, c’est pour dire !), des répliques à ras les pâquerettes, des invraisemblances vraiment grossières (Morgane sachant, mine de rien, se battre et conduire une voiture). Et surtout un manque de cohérence dans le tout (la raison de l’existence de Morgane reste encore bien floue). Il est donc difficile de s’intéresser au film dans son intégralité. Juste pour certaines séquences intéressantes (le test psychologique) mais vite gâchées par le reste.
Et si Ridley Scott parvenait à s’en sortir par sa mise en scène, en est-il de même pour son fils Luke ? Malheureusement, là aussi la réponse sera négative. Car avec un tel sujet et ce décor si spécifique, le cinéaste en herbe avait de quoi mettre en place une ambiance glaçante, dérangeante. La facilité et le classicisme seront pourtant de mise dans Morgane, le film se montrant finalement plat comme ce n’était pas permis. Les jeux de lumière sont là, la musique de Max Richter également, mais rien n’y fait : il manque au long-métrage une atmosphère qui aurait très bien pu le faire sortir du lot. Sans compter que Luke Scott se révèle être assez vulgaire par moment dans sa manière de filmer (le jeu des reflets, par exemple, indice non masqué du twist final) et peu inspiré. Juste suffisamment efficace quand le récit commence à s’emporter dans l’action. Mais il faut bien se l’avouer : ce n’est pas dans ce rayon que Morgane devait marquer les esprits. Et du point de vue travaillé, complexe et psychologique, le long-métrage est tout simplement à côté de la plaque.
Ne reste-t-il donc plus rien à Morgane pour rendre son visionnage potable ? Le casting peut-être, bien que celui-ci ne soit pas des plus fameux. Surtout avec des comédiens aussi inexistants que leurs personnages respectifs ou trop peu exploités (ceux de Michelle Yeoh, de Toby Jones et de Paul Giamatti). Ou encore une Kate Mara qui, même avec un premier rôle, n’arrive toujours pas à atteindre l’aura de sa sœur Rooney. Heureusement, le film peut compter sur le magnétisme glaçant d’Anya Taylor-Joy (la révélation de The Witch), l’actrice interprétant Morgane avec toute la complexité manquant au scénario : à la fois fragile et dangereuse, attendrissante et inquiétante, humaine et monstrueuse. Elle est sans aucun doute le principal intérêt de l’ensemble, mise en valeur par la caméra de Luke Scott de manière à ce qu’elle sauve le film à chacune de ses apparitions malgré la pauvreté du scénario et un ennui s’installant très vite.
Morgane n’est donc qu’un thriller de science-fiction hautement prétentieux qui, au lieu d’exploiter convenablement ses propos, se perd dans une complexité tape-à-l’œil, cachant au final un grand vide scénaristique et artistique. Si Anya Taylor-Joy et certaines scènes sauvent Morgane, la première réalisation de Luke Scott ne restera certainement pas dans les annales. Même s’il est encore tôt pour voir si le bonhomme a quelque chose dans le ventre, ce film montre qu’il est encore bien loin du savoir-faire de son paternel.
Critique sur le site Cineseries-mag --> https://www.cineseries-mag.fr/morgane-un-film-de-luke-scott-critique-77019/
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le 29 sept. 2016
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