None of them knew...
Je dois l'avouer, le trailer de Morgan m'avait bluffé. Au point que même en voyant les notes assez déplorables que se ramassait le film, j'y suis allé sans trop réfléchir. Et ben merde...
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le 30 sept. 2016
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Je dois l'avouer, le trailer de Morgan m'avait bluffé. Au point que même en voyant les notes assez déplorables que se ramassait le film, j'y suis allé sans trop réfléchir. Et ben merde alors, je suis aussi satisfait que déçu par le premier film de Luke Scott, fils de.
C'est un film qui développe une problématique intéressante: comment éduquer un être humain de synthèse, biologiquement amélioré. Et des dangers que cela peut représenter. Bref, sujet en or.
On a cette consultante d'une grande société (Kate Mara), qui se pointe dans un labo sous-terrain aménagé dans un joli coin de forêt du Nord des États-Unis à côté d'une grande baraque rénovée... Mais juste à l'intérieur (l'extérieur c'est celui d'un manoir abandonné ultra flippant, l'intérieur c'est une putain de chambre d'hôte). Son but: faire son rapport à propos d'un incident mettant en cause le prototype d'humain synthétique ayant coûté un œil à une scientifique du labo.
Elle est froide et calculatrice, ils sont comme une grand famille ayant adopté ce nouvel enfant qu'est Morgan, une fillette synthétique fabuleuse qui arrivée à l'adolescence (à cinq ans) démontre une sensibilité inattendue. Mais qui bascule à quelques occasions dans une violence inattendue.
Et la force du film, c'est de proposer une première partie uniquement basée sur ces relations. On découvre la génitrice sévère mais juste (Michelle Yeoh, ça faisait longtemps), le père aimant (Toby Jones, parfait), la grande sœur à la cool (Rose Leslie), les employés de la demeure qui la chouchoutent. Mais évidemment rien n'est vrai. C'est juste deux chercheurs, une comportementaliste, deux thésards et un cuisinier. Et une chasseuse de têtes, apte à détruire leur petit paradis d'un claquement de doigts.
Malgré le flashback un peu forcé qui nous refait le coup de l'animal blessé, force est d'avouer que ça fonctionne. Les effets d'annonce sont plutôt balourds, mais la mise en scène se tient (avec une touche de contemplatif un peu trop présente mais qui réserve de très beaux plans, Mark Patten a fait du bon boulot sur les couleurs), et le montage efficace.
Le problème c'est que si certains effets d'annonces nous promettent du sang, c'est surtout la dislocation d'une famille qu'on voit s'amorcer sous nos yeux, démarrée par un simple débat récurrent sur Morgan ("She or It ?"). Et effectivement elle a lieu, mais pas comme on aurait pu l'attendre.
Parce qu'arrive la séquence cruciale: l'arrivée d'un psychologue de la société sensé évaluer Morgan. Il est ultra professionnel, dénué de toute émotion envers cet androïde qu'il compare volontiers à un micro-onde jusqu'à ce qu'il ait la preuve du contraire. L'entretien est extrêmement bien amené, Paul Giamatti est parfait pour le rôle (son discours sur la vitre blindée est nickel), Anya Taylor-Joy fait une Morgan parfaite, mais le final de la séquence ruine absolument tout.
Parce qu'au lieu de rester sur le doute qu'il venait d'instaurer, d'appuyer un peu sur le côté moral et philosophique de son propos, le scénariste a décidé de mettre directement le feu au poudre. Et tout s'enchaîne très vite pour transformer la deuxième partie du film en simple jeu de massacre où tout se résout de manière extrêmement facile et prévisible (attention, spoilers ahead).
Tout le film se base sur un rebondissement très simple à capter, pour toute personne de bons sens ayant regardé au moins une fois le chef-d’œuvre du paternel de Luke Scott: Blade Runner (ou lu la nouvelle de Phillip K. Dick, ça va de soit).
None of them knew they were robots, comme dirait Mike Patton.
Quoi de mieux pour tuer des super-organismes que d'autres super-organismes. Et sur le fond je n'ai aucun problème avec ça, c'est quand même une conclusion bien cynique que nous offre ce film. Les androïdes doivent être des micro-ondes, c'est pour ça qu'ils sont créés.
Et ça relie même les ponts avec Blade Runner, c'est-y pas beau ? Mais en soit le message on le connaissais déjà, et Blade Runner était bien plus fin et intéressant dans son approche.
Et puis merde on va pas me faire croire que Morgan avait pas trouvé comment se barrer par la fenêtre de sa cellule, Kate Mara ça lui a pris cinq minutes.
Bref, même si la dernière partie reste divertissante, et que la traque en forêt réserve quelques beaux plans, putain merde c'est frustrant ! On aurait pu avoir un excellent film d'anticipation, et pas juste se contenter d'un survival forestier avec un chouïa d'émotion.
J'ai lu pas mal de comparaisons faites avec Ex-Machina, et c'est vrai qu'ils partagent pas mal de points communs. Ça ferait un bon double-feature pour illustrer un débat sur les IA.
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le 30 sept. 2016
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