Mort à l'écran
7.1
Mort à l'écran

Court-métrage de Alexis Ferrebeuf (2005)

Avant même de parler du thème de Mort à l’écran, il y a deux acteurs principaux dans ce film. Tout d’abord MC Solaar, qui n’est pas à proprement parler un acteur, mais que j’apprécie beaucoup en tant que musicien ; puis Lambert Wilson, qui a en général le don de m’agacer, avec son accent, son air supérieur. Du coup, ces préjugés jouent énormément sur l’impression que je peux retirer au visionnage de ce film. Je vais essayer de m’en départir, un peu. D’abord en reconnaissant que Lambert Wilson joue plutôt bien son rôle, même si MC Solaar est impeccable voire bien meilleur, dans un rôle où il ne dit pourtant pas un mot !


Le film dérange, bien sûr, c’est le but, mais il semble tellement improbable qu’on a un peu de mal à y croire. On sait les dérives de la télé-réalité, qui a poussé les limites très loin. Ici, il est question de la transgression ultime, celle de donner la mort (même s’il s’agit de celle d’un criminel déjà condamné à mort) : on donne le pouvoir aux spectateurs non pas d’éliminer un joueur, mais d’autoriser une personne a baisser la manette qui provoquera la mort d’une personne.


La thématique abordée est intéressante, celle de savoir jusqu’où pourrait aller la télé-réalité, mais je trouve que le film manque un peu de finesse. Certes, ce type d’émission peut aller très loin, mais je trouve que le réalisateur appuie un peu trop : dans la première scène, le condamné à mort est comme un taureau avant d’entrer dans l’arène : il passe dans un couloir sombre, le couloir de la mort bien sûr, la porte s’ouvre alors de façon verticale avec un bruitage qui nous fait penser au bruit de la guillotine. Tout le monde ne remarquera peut-être pas cela, mais on peut se demander si c’était indispensable. Et si Lambert Wilson et MC Solaar respectent bien le cahier des charges, je trouve que l’écriture concernant les autres personnages est un peu faiblarde. Certes, il faut des personnages caricaturaux, mais là c’est presque trop. Le film aurait gagné en vigueur avec davantage de sobriété, car pour le reste, le dispositif mis en place semble réaliste (je vous laisse le découvrir).


De plus, l’émission nous est présentée de façon complètement décontextualisée, nous ne savons rien de la société qui accepte ce genre d’émission si ce n’est que la peine capitale y est en usage, et que l’émission, par de nombreux aspects, ressemble à celles qui passent ces dernières années à la télévision. On peut donc imaginer que dans la tête du scénariste, nous sommes dans un régime démocratique qui aurait juste évolué en étant plus répressif sur le plan judiciaire et en ne posant pas de limites à l’évolution des programmes de télé-réalité. Et pourquoi pas ? Nous constatons bien aujourd’hui de la part de nombreuses populations dans le monde, et notamment de nombreux Français, une demande d’autorité, et certaines chaînes de télé ne demandent qu’à pouvoir aller plus loin, pour gagner de l’audimat...


Nous sommes ici dans une arène, le condamné à mort est tel un gladiateur vaincu : il attend la décision qui lui permettra de survivre ou de périr. Il suffit d’un sms pour voter, et comme à Rome, le choix du public se traduit par un pouce levé ou baissé… On donne au peuple, ici via les téléspectateurs, l’impression qu’il a du pouvoir… Pourtant, ce n’est qu’un divertissement, comme l’indiquent les « clowns » présents sur le plateau, ce ne sont que des jeux, même si on joue avec la vie d’une personne. Nous en avons besoin semble-t-il, de ce divertissement, nouvel opium qui prend des formes variées.


Les jeux, donc. Mais la formule latine parle aussi du pain. Et ces derniers temps, nos dirigeants ont négligé le pain. D’où les gilets jaunes. Les jeux ne suffisent plus. Panem et circenses, disait-on jadis.


Un film à voir ici : https://vimeo.com/115566500

socrate
8
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le 22 déc. 2018

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socrate

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