L’oeil, clairvoyant sur la faiblesse humaine est habile pour contrer le mal ( la scène où il séduit et monte the grey lady contre l’homme pâle) et d’une bienveillance qui tourne à l’obsession quand il s’agit de protéger Catherine, sur laquelle il transfère le rôle de père qu’il n'a jamais pu jouer avec sa fille trop tôt décédée.
La sympathie bon enfant que nous avons, nous français des générations 70-80 pour nos acteurs fétiches : Serrault, Adjani, Marchand, Audran pourrait nous faire passer à côté de la profondeur de ce film.
A la fois loufoque, onirique et en effet peu crédible en terme de réalité policière, il n’en est pas moins d’une extrême beauté et fragilité sur le sort de notre humanité dépravée, en perte de sens et de direction. Le sens du voyage et de la direction est prégnant tout au long du film. Voyager pour fuir, thérapie inutile mas comment faire autrement lorsque l’on vit sans amour ni foi.
Pourtant l’oeil veille, surveille, protège jusqu’au point de non retour. Et c’est là que je me dis que je dois revoir ce film. Comment ce Père, cet œil omniscient , omnipotent, utilise sa connaissance pour tuer l’once d’espoir de se progéniture chérie pour la garder à lui, telle qu’elle est et telle qu’est s’est construite dans l’absence du père, c’est à dire serial killeuse.La relation père fille est troublante et magistralement filmée ici avec ce père protecteur mais jaloux et cette serial killeuse si attendrissante. Ils se cherchent tous les deux, lui sa fille et elle un père. Les deux n’ont rien à perdre car déjà tout perdus. Pourquoi la suit-elle sans jamais l’arrêter et lui dire que son voyage es terminé puisqu’il la menée jusqu’à lui ? La peur d’être rejeté ? folie ? faiblesse ? Peut-être parce que tout est écrit comme dans l’horoscope et qu’il est vain de vouloir changer son destin et ceux des autres.
Je réfléchis encore à ce qu’a voulu nous dire Miller avec ces 2 pieds nickelés, grey lady et homme pâle. Ils polluent mais leur bêtise les rend finalement relativement inoffensifs, d’ailleurs ils s’en débarrassent vite, les 2 cérébraux, les 2 initiés que sont Catherine et l’oeil. Tout autour d’eux est désespérément prévisible : les hommes, les victimes, la police, la chef de l’oeil. Mus par des émotions dont ils sont esclaves : l’envie, l’avarice, l’orgueil, tout ce qui les entoure est aussi ce qui nous entoure et ce que nous sommes chacun. L’humanité est à la fois le pire et le meilleur et nous devons faire avec.