Le mal de mère
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le 1 oct. 2024
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Depuis le choc du remake de "La Colline a des Yeux", Alexandre Aja a beau être devenu le réalisateur français de cinéma de genre ayant le mieux réussi aux États-Unis -et continuant qui plus est à y être en exercice- il faut bien avouer que cela commence à vraiment faire longtemps qu'une de ses œuvres n'a pas su déclencher notre pleine enthousiasme (oserait-on dire que cela remonte au moins à "Horns" ?... si l'on ne compte pas le mésestimé "La Neuvième Vie de Louis Drax", "Crawl" et "Oxygène" se sont révélés assez insignifiants à nos yeux). Mais, alors que l'on ne comptait pas trop sur ce "Mother Land" pour réhausser le niveau, notamment à cause d'un contexte post-apo surnaturel qui semblait aussi rongé que les vieilles cordes entourant sa famille héroïne, il faut bien reconnaître qu'à notre grande surprise, on en sort avec le coeur plus noué que prévu et l'impression d'avoir vu quelque chose se plaçant sans mal au-dessus de la cordée des propositions de ce type par ses partis pris narratifs.
Et pourtant, pendant quasiment les deux tiers de sa durée, "Mother Land" n'a fait que confirmer nos a priori premiers.
Non pas qu'Aja démérite derrière la caméra (l'ambiance tendue et quelques frissons corollaires sont bien présents malgré une représentation du mal environnant pas très originale) ou que l'évolution des liens tissés par son trio de personnages ne soient pas solides, soutenue en sus par une bonne interprétation (Halle Berry et les deux petits sont formidables), dans ce cadre de survie précaire et métaphore ténébreuse de l'emprise d'une mère sur sa progéniture, mais tous les voyants restent désespérément au vert pour que le récit s'inscrive dans la ligne de conduite bien trop classique que l'on redoutait. Tout paraît en effet tellement pensé pour nous aiguiller en direction d'un twist peu habilement dissimulé, en compagnie d'évènements de scission au sein du petit groupe ayant l'air de chercher à en mettre toujours plus les contours en lumière, que les spectateurs les plus rompus à ce genre d'exercice ne peuvent qu'au bout d'un moment avoir la conviction que "Mother Land" ne sera plus en mesure de dévier du cap scénaristique prévisible auquel il s'est attaché.
Seulement, dès la dernière partie du long-métrage amorcée, les petits malins que l'on pensait être vont soudain prendre conscience qu'Aja l'est en réalité bien plus qu'eux, nous dévoilant l'espèce d'esprit de conditionnement sur son intrigue dans lequel il s'est amusé à nous installer pour mieux désormais nous calquer sur ceux de ses personnages pris dans une tornade incessante de doutes face aux évènements. Et ça fonctionne de tous les diables ! Dès que "Mother Land" insinue ce "Et si... ?" chez le spectateur, Aja passe à une vitesse supérieure qu'il ne quittera plus, élargissant l'obscurité de son univers vers de sacrées belles envolées cruelles, où une horreur bien plus soutenue qu'auparavant devient le véhicule à une amplitude émotionnelle que l'on n'avait pas vu venir sur les ultimes virages de cette destinée familiale mouvementée (le tout supporté magnifiquement par une nouvelle partition musicale réussie de Rob).
Au final, c'est donc plutôt bluffé que l'on sort de notre ballade forestière en ces terres maternelles signée par un Alexandre Aja bien plus en forme que sur ces derniers faits d'armes. Après quelques films plus oubliables, "Mother Land" nous rappelle qu'il est toujours capable de surprendre, et ce en se permettant même de le faire sur un terrain où, justement, rien ne pouvait le laisser supposer. Bien joué, on ne rompera pas le cordon avec lui.
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Créée
le 25 sept. 2024
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