Mother Land invoque un fantastique ancré dans une nature sauvage, où le territoire se fait miroir de la paranoïa. Ici, la maison, loin d'être hantée, devient au contraire l’unique sanctuaire, le talisman qui éloigne une menace extérieure – ou qui en crée l’illusion. Une simple corde, ancrée au foyer, permet des sorties en forêt. Mais ce danger existe-t-il vraiment ? Est-ce la superstition, les hallucinations d’une mère isolée, ou bien une réalité contre laquelle elle doit protéger ses enfants ?
Alexandre Aja joue sur cette frontière trouble entre vérité et mirage, nourrissant le doute sur la santé mentale de son héroïne : protectrice ou manipulatrice, héroïne ou geôlière d'une foi qui frôle le sectaire. Pourtant, un découpage en chapitres, conçu pour rythmer la progression, épuise ici son sens et fragmente le film plus qu'il ne le sert. L'intrigue, embrouillée, n'explore qu’en surface la psyché maternelle, les obsessions protectrices et la folie latente, s’éloignant du potentiel de l’horreur psychologique.
Les règles de l'univers se contredisent, trahissant le spectateur en laissant des pistes sans cohérence. L’ultime acte, jonché de revirements contradictoires, multiplie les fausses issues pour masquer le manque d’une solution vraie. Et si l'idée centrale, riche en échos psychanalytiques, s’esquisse, elle se perd finalement dans cette confusion, désamorçant toute tension et profondeur là où elles auraient pu naître.