Folie et féminisme au programme
Continuons de découvrir le cinéma singulier de Russ Meyer avec Motor Psycho, film également déjanté et décalé où trois hommes sèment viol et mort sur leur passage, jusqu'à ce qu'un vétérinaire et la femme d'un mari assassiné s'associent bien malgré eux pour retrouver les membres de ce gang.
Réalisé également en 1965 comme Faster Pussycat, Kill! Kill!, l'oeuvre lui ressemble quelque peu. Mêmes décors désertiques, même sens de la composition du plan, femmes à gros seins et violence comme toile de fond du film. Le sexe, la violence et des bécanes, voilà qui ressemble bien à de l'exploitation. Pourtant, une fois, encore, il serait dommage de prendre ces films de série B pour de la pure daube.
Comme dans son autre film précédemment cité, Meyer est capable de prendre une véritable distanciation sur la violence de son propos. Le viol n'est jamais montré à l'écran et les formes suggestives des femmes ne font justement que le rester, éveillant finalement bien plus une forme désir que de montrer simplement de la chair. En réalité, Meyer est somme toute assez doué pour cela.
L'histoire semble également très basique sur le papier. Et il faut le reconnaître, ça ne vole pas très haut au début avec quelques séquences qui démontrent la violence du groupe et des scènes parfois trop longues. Toutefois, comme je l'ai dit, on ne verra à l'écran. Il faut aussi avouer que l'amateurisme des acteurs se ressent et que quelques scènes en deviennent même drôles. Ce n'est pas plus mal. Le vrai problème chez Meyer, c'est que ces films manquent souvent de rythme par moments.
Toutefois, on verra apparaitre un thème qui prenait déjà une place importante dans Faster Pussycat, Kill! Kill! qu'est le féminisme et la place de la femme. Cette femme aimée pour ses formes n'en demeure pas moins une personne de caractère capable de se défendre et de tenir tête à la soi-disant supériorité masculine. On remarquera également que le cinéaste évoque la folie qu'a engendrée la Guerre du Vietnam sur l'un des trois hommes. Ce dernier s'imaginant être revenu dans le pays des Rouges et sombre totalement dans la folie. La guerre n'a pourtant éclaté que depuis un an, mais en utilisant ce thème le cinéaste devance de quelques années des Coppola, Cimino et consorts sur le sujet. Remarquable.
Au final, j'ai quand même préféré Faster Pussycat, Kill! Kill! qui me semblait plus rythmé. Mais par ses thèmes et son côté singulier, Russ Meyer est néanmoins un cinéaste singulier qui mérite le coup d'oeil.