Creux et bosses
Mountain, de Jennifer Peedom, me plonge dans un océan de perplexité. D'accord, le film est visuellement magnifique. Vraiment. C'est un régal pour les mirettes, de la première à la dernière seconde...
le 7 avr. 2022
Axé sur la relation entre la montagne et l'homme au cours de l'histoire, le parti pris est clairement contemplatif. La narration de Willem Dafoe est excellente et compense une absence quasi totale de dialogues.
Les images sont juxtaposées à une performance musicale de l'Australian Chamber Orchestra, performance qu'il était possible de voir et écouter en direct lors de la tournée initiale.
La musique classique supporte l'axe méditatif, voire rêveur, du film tout en apportant du dynamisme lors des scènes d'actions. Je pense notamment aux deux pièces de Vivaldi qui s'adaptent parfaitement aux images proposées. Certaines séquences sont évidemment à couper le souffle même si la réalisation en fait parfois un peu trop, avec par exemple des cuts bien placés lors des séquences avalanche/ base jump qui renforcent, mais à la fois déforment, l'idée de danger.
A la différence des films de sport extrême, la plupart des plans sont des plans larges voire panoramiques et soulignent immédiatement la différence de taille entre l'homme et la montagne. L'effet est intéressant puisqu'il montre d'une part la petitesse de l'homme par rapport à la montagne qui après tout était là avant et sera là après son passage, mais d'autre part renforce l'exploit de ceux qui parviennent à son sommet.
Au-delà des images originales, le film rassemble quelques plans d'autres films d'athlètes comme Alex Honnold, Conrad Anker, Renan Ozturk... Il y a donc comme un état des lieux des sports de montagne allant des premières ascensions, à l'escalade free solo jusqu'aux queues interminables sur l'Everest, mais qui donne un petit côté Nuit de la Glisse et, malheureusement, parfois une impression de déjà-vu.
Mountain s'attarde donc sur l'attraction que la montagne peut avoir sur les hommes et particulièrement sur les motivations de ceux qui mettent leur vie en jeu pour la conquérir. La réponse est cependant apportée d'entrée par la citation de Nietzsche:
Ceux qui dansent sont pris pour des fous par ceux qui n'entendent pas la musique,
qui laisse penser que la montagne attire à elle uniquement ceux qui entendent son appel. La nature de cet appel est abordée avec cette idée qu'au-delà de l'exploit sportif, la présence de l'homme en montagne répond à une quête personnelle, mêlant dépassement de soi et échappée du monde moderne.
Les problématiques liées à la popularisation des sports de montagne et la surexploitation des ressources sont également évoquées :
"This isn't climbing anymore it's queuing. This isn't exploration, it's crowd control [...] in which the risks are often taken more by those who have least".
Si un parti est clairement pris, Mountain survole simplement ces problèmes car l'idée est bien de présenter un état des lieux de la relation entre la montagne et l'homme et de laisser le choix au spectateur de tirer ses propres conclusions. La réalisatrice, Jennifer Peedom, avait d'ailleurs déjà tourné Sherpa, que je n'ai pas pu voir mais il serait intéressant de savoir s’il est dans la même veine, à savoir pas nécessairement un documentaire à charge contre les expéditions occidentales en Himalaya, mais un document objectif sur la relation ambiguë entre les grimpeurs occidentaux et les populations locales.
Mountain n'est donc pas un film de montagne classique qui risque de décevoir les amateurs de sport extrêmes et certains peuvent être déroutés par l'aspect poétique voire philosophique. Cependant les images, la narration et la musique en font un film agréable à regarder pour quiconque aime la montagne ou s'intéresse à l'attraction qu'elle peut exercer sur l'homme. Personnellement j'ai eu du mal à apprécier la redondance des séquences contempaltives, qui même si magnifiques souffrent de leur accumulation et rendent le film assez lent. J'avais déjà vu la plupart des scènes d'actions dans d'autres films ou sur Youtube donc j'ai été moins surpris que d'autres dans la salle mais je reconnais que la réalisation et la musique leur donne une autre dimension et j'ai frissonné plus d'une fois.
Créée
le 26 janv. 2018
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