...Il était une fin !
Quel crime ai-je commis avant de naître pour n'avoir inspiré d'amour à personne. Dès ma naissance étais-je donc un vieux débris destiné à échouer sur une grève aride. Je retrouve en mon âme les...
le 7 oct. 2021
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Le voila enfin ce dernier Bond de Craig ! Après s'être fait attendre plus d'un an pour cause de covid, sans cesse repoussé, mon attente était énorme, il fallait que cet arc Dan Craig finisse en beauté et écrase la semi-déception de Spectre. Mon voeu n'est hélas pas exaucé, car l'ennui c'est que cette conclusion n'est pas du tout celle que j'attendais, et surtout pas à la hauteur de ce que je pouvais espérer en tant que fan bondien.
Décidément, la période Craig aura été en dents de scie : un opus magistral qui relooke complètement la franchise (Casino Royale), un ratage éhonté (Quantum of Solace), un autre opus magistral qui pousse l'introspection bondienne très loin (Skyfall), un opus bancal et assez décevant (Spectre), suivi d'un dernier opus encore plus décevant qui achève la saga de façon brutale, avec une fin que je n'accepte pas et qui ressemble à une capitulation, un abandon, comme si on balayait le personnage d'un revers de main ; c'est quasiment une insulte, une faute, un crime ! Je m'attendais à un passage de relais, à une passation de pouvoirs, quel superbe final ça aurait été, eh ben non, il a fallu qu'ils foirent ça, Bond n'a donc pas droit à une vie privée ?
Et pourtant, je sens que le film voudrait aller dans une autre direction, mais j'ai l'impression que Broccoli et Wilson ayant décidé de relooker totalement la franchise dès Casino Royale, ont envie d'aller dans une surenchère nihiliste, quitte à faire des choix très risqués. En fait, ils s'y prennent comme des manches et bousillent complètement cette conclusion de l'arc Dan Craig, dont le titre même du film est d'un contresens stupide. Ils n'avaient pas le droit de faire mourir un héros iconique, et surtout pas comme ça, c'est un héros immortel, intouchable...
Et s'il n'y avait que ça, que cette fin qui m'irrite, mais ce n'est pas tout car même si tout le film n'est pas à jeter, j'ai de sérieux griefs à exposer.
- Bond n'est plus qu'une machine à tuer ou l'espion cynique qu'il était et que j'admirais ainsi, il lui est arrivé la pire chose qui pouvait arriver à un espion : il a basculé dans la guimauve et le romanesque, il est devenu amoureux, attendri, ému par l'innocence d'une gamine, bref ce n'est plus le Bond que j'aimais, il s'est relâché et affadi. Autant j'appréciais l'introspection sur ses origines dans Skyfall qui donnait du corps au personnage, autant je n'aime pas cette introspection romantique, cette métamorphose ne me convient pas, j'ai l'impression que ça sonne faux.
- ce Bond est beaucoup plus bavard que les autres Bond de Dan Craig, le narratif est plus fourni, ça étire des scènes inutilement ; malgré 2 bonnes scènes d'action qui dépotent et que j'ai adoré (la longue scène de pré-générique en Italie, et toute la séquence à Cuba avec une Ana de Armas fraîche et super sexy), on ne peut pas dire qu'on ait grand chose à se mettre sous la dent.
- la fille au matricule 007 est souvent exaspérante, et elle n'a pas l'envergure pour reprendre une telle succession. Pourquoi ne pas avoir gardé Ana de Armas dans ce rôle de bond girl ?
- Logan Ash ne sert à rien, c'est un succédané du méchant principal incarné par Rami Malek qui arrive bien trop tard (plus d'1 heure, si on excepte la séquence de début où il est masqué, mais on ne voit pas son visage, d'ailleurs ce masque aussi ne sert strictement à rien).
- parlons-en de ce méchant : un Lucifer de pacotille qui ferait presque passer Dominic Greene (incarné par Amalric) pour un cador ; il est banal, creux, vide, sans consistance, un rôle mal écrit. C'est dommage pour Rami Malek qui fait ce qu'il peut avec le matériau foireux qu'on lui a donné, mais c'est encore un mégalo dérangé qui rêve de détruire le monde grâce à un poison, ce n'est guère original, déjà dans son premier film, 007 le disait au Dr No : Toujours le même vieux rêve, dominer le monde. En plus, sa mort n'est pas du tout spectaculaire comme d'autres méchants de la saga, il aurait dû souffrir, on n'a même pas cette satisfaction.
- Blofeld quant à lui, en est réduit à une petite scène de 15 mn dans sa cage de verre, comme s'il était venu sur le plateau saluer des amis. Sa mort aussi est minable, très anecdotique, quasiment sabordée.
- Felix Leiter, ce qu'on lui fait à lui, c'est pas permis des trucs pareils...
- Bond qui ne tue pas le type à l'oeil de verre en moto alors que c'était si facile, j'ai cru rêver, il en a tué pour moins que ça ; le plus drôle c'est qu'on le revoie plus loin mais qu'il ne sert à rien, quel est l'intérêt ?
- détail accessoire : le générique de Daniel Kleinman est inventif, mais la chanson est totalement insipide.
Je continue ? au point où j'en suis, je peux en trouver encore des errances scénaristiques, j'en ai un plein panier, car le problème de ce film, c'est bien son scénario à l'emporte-pièce, on dirait que les gars ont écrit ça au coup par coup, sans inspiration, sans profondeur, sans motifs clairs, en se disant "tiens si on essayait ça ?". Tout ceci ne pouvait donner qu'un film bancal et mal foutu, avec quelques longueurs (2h43 à meubler, c'est le plus long des James Bond), mais aussi quelques détails intéressants, des plans sympas, des petites idées, le tout hélas noyé dans un film imparfait où tout est dilué.
Si ma note n'est pas plus basse, franchement c'est pour certains éléments, et surtout pour 3 raisons : pour Daniel Craig qui est toujours aussi bon dans son rôle, je l'ai trouvé beaucoup plus charismatique alors que dans les opus précédents, il avait plutôt une gueule de constipé. Pour les 2 scènes d'action que j'ai évoquées plus haut. Et enfin pour Hans Zimmer dont la partition est très réussie, trop même pour un film si imparfait ; j'ai bien aimé sa reprise des thèmes de John Barry qu'il parsème ça et là, et surtout l'envoûtant thème de "We have all the time in the world" qu'on entend dans Au service secret de Sa Majesté. Il a dû certes se fondre dans le moule des musiques bondiennes, sans imiter les dernières BO de David Arnold, en reprenant le célébrissime thème de James Bond, mais à sa façon, et surtout, il oublie ses airs dissonants qu'on entendait sur Dunkerque pour des thèmes pêchus tout à fait appropriés. Zimmer réussit son plus beau thème avec les dernières notes du morceau "the Final ascent", surnommé "the Death Song" qui est carrément bouleversant.
Au final, je sors assez déçu, c'est un opus quelconque et bien moins passionnant que Casino Royale et Skyfall, même Spectre avait un peu plus de répondant... J'ai un peu de peine pour Dan Craig qui ne peut finir en beauté son incarnation de 007 qu'il aura portée durant une quinzaine d'année, car au fond, ce n'est qu'un numéro... alors bye bye Dan, et merci !
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Créée
le 12 oct. 2021
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