Un dernier bond pour le plus emblématique des agents secrets du cinéma ?

Attention ! Je tiens à vous prévenir ! Je vais devoir spoiler pour exprimer efficacement mon mécontentement sur cet opus bondien qui m'a bien plus que stupéfié, ne lisez pas ma critique si vous n'avez pas encore vu le film.

Ce James Bond était sans aucun doute une des productions les plus attendues de l’année 2021, on l'attendait avec grande impatience mais avec le covid, sa sortie a été énormément repoussée. Du coup, l'attente était énorme et l'envie de vivre de nouvelles aventures bondiennes était infaillible. J'espérais visionner un excellent James Bond et malencontreusement, j'ai visionné une mission qui m'a un peu énervé sur plusieurs choses et vous savez quoi ? Je ne vais même pas commencer par le pire. La question que je me suis souvent posée pendant le visionnage est la suivante : Qu'est que les scénaristes ont foutu ?

Non mais sérieux ! Quand je vois le nombre effarant de scènes romantiques ou de conversations professionnelles qui prennent beaucoup trop place dans cette production, je me demandais vraiment si je regardais un film d'espionnage ou une sorte de mélodrame mal conçu. On s'éloigne pas mal de la tradition et dès qu'on voit les premières images, on craint un peu pour la suite. Je n'ai rien contre le fait que James Bond tombe amoureux et qu'il profite d'une vie tranquille avec sa dulcinée puisque la fin de Spectre indiquait clairement que c'était le chemin que l'agent allait prendre.

C'est juste qu'il y en a trop, tellement que cette phase scénaristique met trop en arrière le contexte de la mission. On sait juste que l'agent secret doit mettre en état de nuire un mégalo qui veut refaire le monde avec un virus sophistiqué et high-tech mais il n'y a pas d'explications claires sur le sujet. Quelle est la sélection des personnes qui doivent mourir ? Comment le virus va être envoyé ? Pourquoi l'antagoniste veut refaire le monde ? Des questions qui n'ont malheureusement pas de réponses et je déteste ça, cela ne s'est jamais fait dans une mission bondienne. Cette partie du scénario a été négligée pour qu'on se concentre plus sur le passif de Madeleine et de sa relation dérangeante avec le méchant.

Je vous jure que j'ai halluciné quand j'ai vu ce genre de traitement. C'est vraiment impensable de construire un James Bond de cette manière, je n'ose même pas lister toutes les stupidités que j'ai repérées pendant le visionnage comme James Bond qui se fait contaminer deux fois, le Russe qui échange les clés USB ou la fille qui retrouve soudain ses parents d'un plan à un autre, comme si elle avait piqué un sprint. Certaines de ces stupidités créent des scènes qui sont complètement inutiles, prolongeant inutilement la mission, suffisamment assez pour nous faire croire que le film est long et interminable.

Fort heureusement, on a un magnifique et époustouflant Daniel Craig qui donne beaucoup de sens et de vivacité à son personnage pour ignorer le plus possible les mauvais détails. Personnellement ! Je trouve que c'est sa meilleure performance bondienne, il exprime beaucoup de sentiments et anime magnifiquement un personnage qui doit subir de terribles épreuves, je trouve même qu'il se surpasse dans les scènes d'action. C'est également avec plaisir que nous retrouvons les collègues de l'agent, toujours aussi bien incarnés par Naomie Harris, Ralph Fiennes et Ben Whishaw.

Jeffrey Wright et Christoph Waltz retrouvent également leurs rôles tenus dans Casino Royale et Spectre mais leurs présences sont insignifiantes pour que je puisse en parler. Je dirais un peu de même pour Léa Seydoux qui est vraiment une actrice assez moyenne, voire pathétique mais je reconnais qu'elle développe une bonne image de la mère inquiète et tourmentée par son passé douloureux.

Parlons un peu des nouveaux protagonistes, incarnés par Rami Malek, de Lashana Lynch et d'Ana de Armas. Concernant le premier, c'est triste à dire mais il incarne un antagoniste creux, insipide et dérisoire. Ce pauvre acteur fait de son mieux pour ce qui est de créer un antagoniste remarquable mais il n'est pas très bien aidé par l'écriture minable de son protagoniste. Je trouve cela affligeant, surtout pour un acteur comme Rami Malek qui a si bien brillé dans le rôle de Freddie Mercury dans la production Bohemian Rhapsody.

Du côté des James Bond Girl, Lashana Lynch est un peu exaspérante et ne bénéficie pas d'une bonne écriture de son personnage badass. J'avoue qu'elle est efficace dans les scènes mouvementées mais dans le reste, elle est un peu lourde. Pourtant, je sens qu'elle avait un sérieux potentiel si son traitement était plus bénéfique et cette impression, je l'ai encore plus ressentie dès les premières images d'Ana de Armas qui est tout à fait le contraire de cette dernière. Celle-ci incarne une James Bond Girl sensationnelle et qui casse sérieusement le cliché de ce genre de personnage féminin.

En une seule séquence, elle vole carrément la vedette du film. Elle est drôle, sexy, jeune, sublime, manie deux armes à la fois et exécute magnifiquement des coups de pied sautés. Elle ne se retrouve même pas sous la couette avec l'agent britannique, elle fait juste son taf et rien d'autre. C'est du jamais-vu ! Elle aurait dû occuper un plus grand rôle, elle le méritait largement. Cela prouve encore une fois que les scénaristes ont fait n'importe quoi, les bonnes idées ne sont que des petits détails et les mauvaises composent un scénario bizarre et qui n'a presque aucun sens.

Sans être de mauvaise foi, on peut noter de très bonnes choses dans cette mission. J'applaudis sans la moindre hésitation le travail remarquable et artistique du réalisateur Cary Joji Fukunaga. Je trouve qu'il a su donner une véritable et nouvelle définition de la violence dans les scènes d'action, les séquences mouvementées sont impeccables et très sensibles, c'est du spectacle très décoiffant et alimenté par de superbes idées dont l'époustouflant plan-séquence final dans la cage d'escalier et notamment la séquence bien trouvée de la forêt avec le brouillard.

C'est simplement du génie ! Une réelle preuve que le réalisateur voulait créer un James Bond très personnel avec sa brillante façon de voir les choses, avec quelques plans qui révolutionnent la franchise dont celui du renversement forestier de la bagnole qui se produit juste à côté de l'agent secret. C'est vraiment dommage que les scènes d'action ne prennent pas plus de place dans cette production, il avait moyen que cette mission allait sérieusement concurrencer le magnifique et incontournable mission Skyfall.

La mise en scène est bien foutue et intelligente, on peut noter un déroulement de scénario logique et précis. J'ai particulièrement apprécié certains décors comme ceux de la Norvège qui apparemment est un pays de plus en plus pris par le cinéma américain (Tenet ou Black Widow) ou celui de l’île qui est un beau condensé de scènes déjà vu dans les autres James Bond comme celui du Docteur No ou L'espion qui m'aimait. Très franchement, il y a eu un gros effort sur le renouvellement de la franchise, avec un contexte technologique et scientifique qui peut très bien se dérouler de nos jours ou plus tard.

6/10

• Pourquoi est-ce que je te trahirai?


• Parce que tout le monde a un secret. Il est temps de découvrir le tien !