Givre de la jungle
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le 8 déc. 2018
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Le projet de Serkis titillait mon intérêt depuis son annonce, d’autant plus qu’il venait en concurrence de la version de Favreau pour Disney. Les problèmes de production ont cependant entraîné un délai et le film est finalement arrivé sur la plateforme de Netflix. Et si je m’étais prémuni de toute bande-annonce et autre spot, mon intérêt restait tout de même bien présent. Le résultat final sera un poil décevant mais pas forcément pour ce qu’on aurait pu croire.
N’ayant pas lu le livre, je ne connaissais pas tous les détails de l’histoire et je savais (me doutais) juste que la version de Disney avait bien sûr fait beaucoup de simplifications, comme pour les autres adaptations. J’ai été agréablement surpris par cette histoire et je ne sais pas si c’est un parti pris par Serkis ou si ça vient du roman de base, mais j’ai trouvé que le personnage de Mowgli était beaucoup plus mis en avant dans l’intrigue générale. Il n’est pas simplement l’élément déclencheur et le personnage que l’on suit (comme chez Disney), mais bien un héros à part entière qui va suivre sa propre évolution et amorcer le changement pour devenir le personnage qu’il sera lors de son affrontement avec Shere Khan qui, du coup, prend beaucoup plus d’importance en terme symbolique. On sent tout son déchirement entre ce qu’il est et ce qu’il ressent, sa volonté de faire partie de la meute et sa différence.
À contrepartie, c’est vrai que les animaux se retrouvent un peu en retrait par rapport à Mowgli, notamment Bagheera et Shere Khan justement (qui sont mes personnages préférés de chez Disney parce que #GrosChats). Cela crée une nouvelle dynamique dans la lecture de l’œuvre, et le passage chez les humains avec le chasseur apporte une symbolique plus importante. Ce qui rend le film plus écologique, en un sens, on ressent d’avantage cette esprit de l’équilibre de la jungle, de loi dont on n’arrête pas de nous parler. Le personnage de Kaa est plus mystérieuse, plus intrigante, et agit pratiquement comme un deus ex machina.
Du coup, l’ensemble du film s’avère plus intéressant, et pourtant, ça ne fonctionne pas vraiment : le rythme n’est pas forcément bien maîtrisé, parfois lancinant. Le menace de Shere Khan ne se fait jamais vraiment ressentir, les scènes se succèdent en mode automatique sans qu’il n’y ait création d’une fluidité dans le récit, ce qui le rend un haché. Certains éléments sont lâchés sans trop poser de question (personne dans le village ne semble s’inquiéter qu’un gamin débarque de la jungle, ni qu’il reparte dans la jungle après, la fin est très abrupte…). C’est dommage car ça casse l’immersion.
Le casting est globalement bon, sans être sensationnel. Au final, ce sera le jeune Rohan Chand qui m’aura le plus convaincu et qui réussira à s’imposer clairement dans les différentes scènes, là où les autres grands nom (Christian Bale, Serkis, Cumberbatch, Harris, Pinto, Blanchett…) seront très en retrait, voire-même en demi-teinte. Techniquement, le film est plutôt mitigé : la musique fonctionne bien mais reste assez classique et oubliable, les décors sont somptueux, la mise en scène efficace mais très classique aussi. Quant à la performance capture et aux effets spéciaux, c’est bluffant. Même si on a un design plus… figuratif que réaliste dans les personnages (et notamment dans leurs expressions, ce qui fait paraître parfois bizarre), le rendu des détails et l’animation des images de synthèses sont bluffants.
Mowgli : La Légende la jungle est donc un film qui aurait mérité une sortie ciné, ne serait-ce que pour exploiter pleinement et profiter de ces décors et de ses prouesses techniques. Le film aborde également l’histoire sous un angle très intéressant et repositionne Mowgli au centre de l’histoire et de l’intrigue. Cependant, son rythme brise un peu le tout, ce qui en fait en fin de compte un film correct à bon, mais surtout très oubliable. Ce qui est très dommage à mon sens, et d’où la petite déception.
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Créée
le 18 déc. 2018
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