Sherlock Holmes est l'un des personnages de fiction les plus connus au monde, et dont les histoires, quelles soient littéraires, cinématographiques ou télévisées ont bercées l'enfance, l'adolescence et la vie de nombreuses personnes.
Représenté comme le grand détective au chapeau, à la cape et à la pipe par le théâtre puis le cinéma, sa silhouette comme son intelligence légendaire et sa logique imparable, son personnage est immortel. Et comme tout immortel, comme toute icône, bon nombre d'entre nous ont tendance à idéaliser la créature d'Arthur Conan Doyle.


Mais si les premiers éléments qui nous viennent à l'esprit lorsque l'on pense à Sherlock Holmes sont ceux cités plus haut, comme toute bonne création digne de ce nom, il n'était (n'est) pas exempt de défaut.
Je ne parlerai pas ici de ses préparation à 7% tant honnies de son colocataire, ni de ses capacités maintes fois remises en cause à jouer du violon. Non.
La plus évidente et la plus sournoise de ses noires facettes se résument en deux mots : son intelligence.


Sa plus grande qualité, sa plus grande arme, mais aussi sa plus grande faiblesse. Et ainsi que l'explique le film, la seule véritable force capable de le détruire.


Mr Holmes nous présente un Sherlock vieillissant, bien loin de l'esprit vif et de l'homme brillant que l'on nous présente habituellement.
Atteint de "sénilité", l'homme n'a plus qu'à voir sa plus grande force lui échapper. Celui qui était capable de reconnaître la marque d'un cigare à la cendre laissé dans un cendrier, celui qui avait en tête des milliers de données, pouvait aligner dans son esprit une somme considérable de détails insignifiants au regard de tous pour en arriver aux plus formidables déductions ne se souviens plus à présent du nom de personnes avec qui il a voyagé, ou d'un rendez vous donné la veille.
Son existence plus que son métier, il la doit à son intelligence, à la clarté de son esprit qu'il voit à présent s'assombrir, se brouiller.
Au sein de la jolie prison qu'il s'est constitué pour des pêchers dont il ne se souvient plus, Holmes doit faire le plus grand des apprentissages : celui de l'humanité.


Bien que ses pouvoirs de déductions soient toujours intacts, ses souvenirs évanouis vont le forcer à évoluer. Apprendre à les retrouver les raisons qui l'ont poussés à devenir le vieil ermite solitaire qu'il est devenu. Apprendre à ne plus être qu'intellect et logique pure. Apprendre à imaginer, à inventer, à trouver la part d'inaccompli en lui.


Le départ de Watson puis sa mort, celle de madame Hudson n'ont fait que révéler la solitude de sa vie, et débarrassé de ces illusions, sans savoir pourquoi sa dernière affaire - son dernier échec probablement - l'a poussé à s'isoler encore davantage, le Sherlock Holmes qui apparaît sous nos yeux va progressivement apprendre. Apprendre ce qui l'a poussé à vivre ainsi, mais aussi apprendre à s'améliorer, à devenir un homme et non plus une légende littéraire, policière ou un grand esprit. Un homme avec ses qualités capable de reconnaître ses défauts et de s'améliorer.


Bien loin des films policiers de Sherlock Holmes, Mr. Holmes est un film sur la vieillesse, la réalisation de ce que l'on est et de ce que l'on pourrait être.


Un film au rythme lent mais pas soporifique.
Au travers les souvenirs de Holmes - l'affaire Kelmot et le cas Umezaki - comme au travers de sa vie présente dans son petit cottage en bord de mer, le film nous offre une autre facette de Sherlock Holmes. Holmes y découvre progressivement que ce qu'il s'est acharné à démontrer à Watson -à savoir que les émotions et l'imagination ne sont que futilités- était peut être une erreur.


La réalisation de ce film nous entoure de douceur tout en nous offrant un combat plein de hargne et de souffrance. Sans chichis, sans démonstration hautaine et interminable, nous observons l'humanité savamment cachée par Holmes au long de ces nombreuses décennies.


Mais la réalisation délicate, les décors très bien mis en place et la photographie de ce film ne font pas tout.
Car l'histoire est portée par un trio d'acteur fabuleux.
Et le plus brillant n'est autre que Sir Ian McKellen, absolument envoutant dans mes deux facettes de son rôle. Plein de dignité, de grandeur et de confiance en lui lorsqu'il interprète le Sherlock Holmes de sa dernière affaire, plein de faiblesse, de subtilité et de colère mêlé de culpabilité quand il joue le vieil homme sénile cherchant ses souvenirs. Très honnêtement, pour moi qui co sidère que Sherlock Holmes ne peut être que Jeremy Brett, je me suis prise à me dire qu'il aurait été parfait dans le rôle. Et ainsi, j'en suis venue à me demander tout naturellement "comment un tel homme peut il en arriver là ?" En le voyant interpréter si magistralement son rôle de vieux crouton.


Laura Linney quant à elle, même si elle reste discrète, n'en est pas moins bonne. Honteuse de ce qu'elle est mais craignant de changer, chérissant de tout son coeur son seul amour et voulant le protéger de tout -surtout du chagrin- mais effrayée de le voir s'épanouir ainsi avec cette gloire déchue... Un très joli rôle tout en finesse et en délicatesse.


Milo Parker quant à lui, est adorable dans le rôle du gamin redonnant de l'énergie au vieil Holmes. Un petit gamin à l'aspect fragile mais au regard plein d'intelligence dans le rôle d'un enfant sans père tentant de se trouver une image paternelle et de s'élever. Conscient des choses mais encore incapable d'accepter certaines réalités. Convaincant et touchant, spécialement lorsqu'il tient tête à Holmes.


Un très joli film donc, qui ne plaira probablement pas à celles et ceux qui recherche un bon policier, mais qui assurément satisferont les vrais fan de Holmes, capable de voir ses forces et ses faiblesses, capables de comprendre son dernier réel combat, sa plus grande enquête.

Créée

le 3 févr. 2016

Critique lue 322 fois

2 j'aime

Gaby Aisthé

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