Journal de bord - Jour 2

--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au troisième épisode de la septième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :

https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163

Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :

https://www.senscritique.com/liste/les_petites_sirenes/3094904?page=1

Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---

Il n'y a peut-être pas de livre de référence pour les sirènes, mais j'ai l'impression que par contre, il y a bien un film de référence, et ce serait celui-là. Si cela pouvait se prouver, alors je serai face à une situation inédite pour le mois-monstre, et je ne doute pas que cette nouveauté vienne avec son lot de nouvelles possibilités et évolutions à étudier. Je m'en réjouissais déjà en lançant la lecture du film. Et j'en suis sortie perplexe. Perplexe car si le film, en tant que film, est un ravissant petit bijou, la sirène, elle, est le degré zéro de la sirène. Les trois notes de son chant envoûtant constituant l'intégralité de son répertoire vocal n'aide, certes, pas à développer le personnage. Elle est jolie, c'est une sirène, elle chante bien, voilà. Bon. Encore une fois (serait-ce le nouveau tort qui me fera grincer à chaque film cette année?), on a une relation amoureuse entre un vieux monsieur et une jeune fille, ici limite adolescente. Que l'un des personnages évoqués mais non présent à l'image soit la fille dudit monsieur rend la situation doublement gênante. Et qu'on nous suggère à la fin que toute cette histoire de sirène n'ait été qu'une invention de son esprit pour adoucir son passage du cap de la cinquantaine vient achever cette belle pièce-montée de patriarcat gênant du Hollywood des années 50.

Le problème, qui n'est pas un problème en soit mais qui me laisse du moins dubitative, est que du reste, le film est excellent. Empruntant beaucoup à la screwball comedy, le film est une comédie savamment maîtrisée, au rythme élégant et aux gags parfois un peu subversif, mais sans jamais verser dans le vulgaire. En découle un métrage brillant, qui se laisse savourer comme un bonbon doux.

Drôle d'histoire donc que ce film qui aurait pu être, et qui sera peut-être malgré tout, le film de référence en matière de sirènes. Cette sirène, rôle central du film, apporte à la fois toutes ses qualités et tous ses défauts au film. Certes on m'opposera des « c'est juste qu'il a mal vieilli », argument un peu démodé, mais que je peux, si ce n'est accepter, du moins entendre. N'empêche, cette sirène muette, adolescente, sans personnalité, acceptant tout, tombant amoureuse du premier homme qu'elle rencontre et bien heureuse dans son aquarium extérieur, je trouve ça un peu limitant comme point de départ à l'histoire des sirènes au cinéma...