Mr. Pig
6.2
Mr. Pig

Film de Diego Luna (2016)

Road-movie sur le thème de la filiation, Mr. Pig est un film libérateur et attachant qui narre l'amour d'un vieil éleveur de cochons (Ambrose) pour sa plus belle bête. Endetté et poursuivi par les banquiers, il part en voyage avec elle à travers le Mexique, obstiné à vouloir lui transmettre le meilleur destin possible avant de s'en séparer.


La structure du film se divise en deux parties: si la première aborde la relation presque paternelle entre l'éleveur et son dernier cochon, la deuxième, qui voit apparaître la fille de l'éleveur (Eunice), jusqu'ici hors champ (au téléphone dans la scène liminaire), inverse les rapports entre les personnages. En effet, alors qu'Ambrose conduit jusqu'ici son animal vers une autre vie, Eunice prendra par la suite le volant du van pour guider son père vers une fin digne. Ce chemin, qui a plus de valeur que le but en soi, les réunira enfin et débouchera sur une des plus belles scènes, la dernière, dans un cadre splendide ressemblant à un paradis naturel.


La mise en scène de ce jeune réalisateur mexicain, Diego Luna, se révèle parfois surprenante. On pense par exemple au montage sonore, dans le van, pendant la traversée de la Californie puis du Mexique, qui accompagne Ambrose; aux rencontres pendant ce voyage, comme celle avec les policiers corrompus («los puercos», 'les porcs', en argot mexicain), d'un humoir noir, montrant le cynisme des institutions; les dialogues (ou plutôt les réflexions à haute voix) entre l'éléveur et son porc; à l'ambiance créée par ce désert, décor halluciné, qui sied à merveille à la solitude de l'éleveur.


Cependant, la deuxième partie, ralentit le rythme et le mouvement régulier fait de haltes mais aussi de rencontres, de surprises, … du road-movie. Le personnage d'Eunice, certes touchant par sa dévotion envers son père jusque là absent, se révèle être un frein à la dynamique du film mais aussi à sa cohérence, étant donné que l'histoire du cochon, jusque là au centre du récit, se retrouve reléguée au second plan, voire même oubliée, au détriment d'une trop convenue relation père/fille. On regrettera donc le manque d'audace, qui avait pourtant marqué les premières scènes, de Diego Luna, et ce dédoublement de l'intrigue qui nuit à l'harmonie diégétique et à sa fluidité.

Marlon_B
5
Écrit par

Créée

le 16 janv. 2017

Critique lue 1.2K fois

2 j'aime

1 commentaire

Marlon_B

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

2
1

D'autres avis sur Mr. Pig

Mr. Pig
Metares
7

Un beau coup de coeur

"C'est con un poulet, on n'sen fait pas un ami" En une phrase, on peut comprendre la tonalité de ce film. Un vieil homme acariâtre et aigri par la vie, ayant pour seul ami un cochon reproducteur, et...

le 23 août 2020

3 j'aime

Mr. Pig
Marlon_B
5

Copains comme cochons

Road-movie sur le thème de la filiation, Mr. Pig est un film libérateur et attachant qui narre l'amour d'un vieil éleveur de cochons (Ambrose) pour sa plus belle bête. Endetté et poursuivi par les...

le 16 janv. 2017

2 j'aime

1

Mr. Pig
Vilou
7

Howard (not the Duck)

Un road movie touchant sur un vieil homme fatigué, usé par la vie dans un monde dans lequel il ne se reconnait plus. Cherchant coûte que coûte un petit coin de paradis, autant pour lui que pour son...

le 3 août 2020

Du même critique

Call Me by Your Name
Marlon_B
5

Statue grecque bipède

Reconnaissons d'abord le mérite de Luca Guadagnino qui réussit à créer une ambiance - ce qui n'est pas aussi aisé qu'il ne le paraît - faite de nonchalance estivale, de moiteur sensuelle des corps et...

le 17 janv. 2018

30 j'aime

1

Lady Bird
Marlon_B
5

Girly, cheesy mais indie

Comédie romantique de ciné indé, au ton décalé, assez girly, un peu cheesy, pour grands enfants plutôt que pour adultes, bien américaine, séduisante grâce à ses acteurs (Saoirse Ronan est très...

le 18 janv. 2018

26 j'aime

2

Vitalina Varela
Marlon_B
4

Expérimental

Pedro Costa soulève l'éternel débat artistique opposant les précurseurs de la forme pure, esthètes radicaux comme purent l'être à titre d'exemple Mallarmé en poésie, Mondrian en peinture, Schönberg...

le 25 mars 2020

11 j'aime

11