Si vous aimez la peinture de Turner, n'allez surtout pas voir ce film !
J’ai toujours beaucoup aimé la peinture de Turner que j’ai eu l’immense chance de pouvoir admirer plusieurs fois lors de voyages à Londres, en particulier à la Tate Gallery qui lui est presqu’entièrement consacrée. Donc, aller voir un film sur sa vie, de plus réalisé par un metteur en scène de renom, me paraissait incontournable. De plus, Télérama, généralement assez sévère dans ses jugements, a publié dans son dernier numéro, une critique très enthousiaste du film, le gratifiant de son appréciation maximum « Passionnément ».
En ce qui me concerne, le film, dont j'attendais beaucoup, m'a non seulement déçu mais irrité.
Le film se déroule pendant les 25 dernières années de la vie de Turner. Il était alors un artiste reconnu et apprécié de la haute société anglaise qui appréciait sa peinture et lui achetait ses tableaux, même si, en raison de son style iconoclaste, très en avance sur son temps, certains milieux conservateurs ne lui ménageaient pas leurs critiques.
Pourquoi le film s’attache alors à nous dépeindre avec une complaisance appuyée un Turner peu sympathique, misogyne et misanthrope, très en contradiction avec ce qu’il était en réalité, même si, comme toute personnalité atypique, il avait sa part d’ombre ?
Des parts d’ombre, on peut en trouver, même parmi les plus grands. Sans doute, comme tout génie, et qui plus est anglais, Turner était-il excentrique. Sans doute une partie des faits peu sympathiques du personnage sont-ils réels. Mais de là à faire de ce grand peintre, toujours en recherche de la beauté, et travaillant jusqu'à son dernier souffle pour améliorer sa technique, ce personnage grognant et éructant, fuyant la société alors qu'il avait ses entrées chez les nobles et dans les salons les plus en vue, cela paraît peu crédible.
Le problème avec ce film, est qu’on se demande si le réalisateur a voulu faire un film sur Turner ou sur sa peinture. Certes, la reconstitution de l’Angleterre de cette époque et les costumes sont-ils somptueux. Sans doute la lenteur du film (2.50 H) est-elle aussi voulue pour nous laisser toute latitude d’admirer la beauté des paysages, baignés d’une lumière dorée, qui évoquent les œuvres du peintre.
Mais le résultat est un film bancal, au rythme très lent et surtout beaucoup trop long, où je n’ai vu, dans la prestation tant louée de Timothy Spall, qu’une grossière pantomime indigne du grand Turner.
Bref, j’ai détesté ce film et je ne le recommande pas à ceux qui aiment la peinture de Turner.