Un film prise de tête qui ne mérite pas d'être culte

Le titre du film est emprunté à cette route mythique, tortueuse et relativement dangereuse, qui suit la crête des Santa Monica Mountains et des Hollywood Hills et domine la vallée de Los Angeles. Elle est surtout connue pour le panorama spectaculaire qu’elle offre, surtout la nuit, sur la "ville des anges" et la vallée de San Fernando. Beaucoup de stars de cinéma y ont fait construire des résidences noyées dans la végétation exubérante qui en couvre les pentes.


Au départ, le film était prévu pour être une série télé dans l’esprit de Twin Peaks, l'un des grands succès de David Lynch, et l’une des premières série de télévision grand public mêlant polar et fantastique (son héros, l’agent Dale Cooper, utilise ses rêves pour orienter son enquête). Twin Peaks ouvrit la voie à des séries mêlant le polar et le fantastique comme X-Files, ou Fringe.
Le scénario alambiqué (c’est le moins qu’on puisse dire !) que lui soumit Lynch et les dépenses exorbitantes engagées pour réaliser le premier pilote de la série (7 millions de dollars !!!) qui, outre ses 2.30H, était, pour la chaîne, d'une lenteur insupportable pour une série télé, conduisirent à l'abandon du projet initial. C’est finalement la France, avec Studio Canal, qui relança le réalisateur américain et lui proposa de financer un long métrage.


Résumé


Le film se passe à Los Angeles. Il commence de nuit, par un accident de voiture (en fait une tentative de meurtre) qui a lieu sur Mulholland Drive. Une jeune femme brune (Laura Helena Harring), échappe au guet-apens où elle aurait dû laisser la vie et, légèrement blessée, mais surtout psychologiquement choquée, elle s’enfuit à travers l’abondante végétation qui couvre les pentes depuis la route jusqu’aux premières maisons de Los Angeles.


Là, elle entre au hasard dans la première maison qu’elle trouve dont la propriétaire, une vieille dame aux cheveux roux, vient de sortir. Peu après, une jeune femme blonde entre dans la maison. Il s’agit de Betty Elms (Naomi Watts, dont ce fut le premier grand rôle), venue pour occuper la maison de sa tante, partie en voyage, qui lui en a laissé la disposition.


Betty est apprentie comédienne et elle est venue à Los Angeles pour faire du cinéma. Surprise par la présence de l’inconnue qui occupe la maison à son arrivée, Betty lui demande son nom mais, au moment de lui répondre, la femme brune se rend compte qu’elle ne s’en souvient pas. Paniquée, elle jette les yeux sur le mur devant elle où est accrochée une affiche du film « Gilda » avec Rita Hayworth. Elle répond à Betty qu’elle s’appelle Rita. Les deux jeunes femmes sympathisent (et plus si affinités puisqu'au cours d'une scène à mon avis totalement superflue, elles couchent ensemble, scène purement gratuite qui n'apporte rien au scénario mais qui a beaucoup fait pour la notoriété du film) et elles décident de mener une enquête pour retrouver l’identité réelle de Rita et ce qui lui est réellement arrivé puisqu’elle n’en a aucun souvenir.


A partir de là, les choses se gâtent sérieusement et le scénario, mêlant plusieurs histoires dans l’histoire et laissant une place de plus en plus envahissante aux souvenirs, flash-back et invraisemblances de tout genre, devient totalement illisible. Le spectateur ne sait plus si ce qu'on lui présente est réel ou imaginaire et cela se complique d'autant plus que les personnages intervertissent leur rôle (Rita devient Betty et Betty, Rita). Le but du réalisateur, qui était de désorienter le spectateur et de le mettre mal à l'aise est sans nul doute atteint. Mais ce genre de film "prise de tête" gratuite n'est pas ma tasse de thé. Pourtant je ne rechigne pas devant des scénarios complexes comme Memento ou Vanillia sky. Faut-il encore que la complexité ait une justification…


Mulholland Drive a pourtant reçu un accueil dithyrambique de la critique. Il a même obtenu le Prix de la mise en scène (!!!) au Festival de Cannes ainsi qu'une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur. Par ailleurs, le film est considéré, avec Eraserhead (1977) et Blue Velvet (1986), comme l’un des meilleurs films de David Lynch et il est devenu « culte » pour les cinéphiles.


On l’aura compris, ce n’est pas mon point de vue et j’ai du mal à comprendre qu’on puisse seulement le considérer comme un bon film. Personnellement, si j'avais eu à lui décerner un prix, je ne lui aurais certainement donné ni le prix de la mise en scène, tant celle-ci m’a paru inutilement brouillonne, ni celui du réalisateur. Il faut une sacrée dose de snobisme pour décerner à un tel film, comme l’ont fait «Les Cahiers du cinéma » en janvier 2010, le titre de « meilleur film de la décennie 2000-2009 », rien que ça !!!


Je n’ai pourtant rien contre David Lynch. J’ai même défendu ardemment, malgré des réserves, son adaptation du roman de science-fiction Dune (1984) dont je trouve qu’il s’est honorablement tiré malgré les insurmontables difficultés que représentait une telle gageure (c'était surtout casse-gueule de vouloir adapter une telle saga en un seul film). Mais on n'avait pas encore, à l'époque, entrepris d'adapter en plusieurs films des sagas du style du Seigneur des Anneaux (avec plus ou moins de bonheur), d’Harry Potter ou de Twilight. Je reconnais aussi que son film Elephant man (1980), qui n’est cependant pas un de mes films favoris, est un grand et beau film (malgré l’afféterie d'avoir choisi le noir et blanc, ce qui n'était pas indispensable) mais, cela dût-il m'attirer les foudres des "lynchophiles", je ne suivrai pas ses admirateurs et décernerai à Mulholland Drive un petit 3 sur 20.

Créée

le 25 oct. 2018

Critique lue 172 fois

Roland Comte

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