Sans prendre de risque, je vais me ranger du coté de ceux qui n'ont rien, pas ou alors pas tout compris à l'intrigue mais qui s'en satisfont.
Mulholland drive, une route sinueuse, des feux arrières de limousine avancent silencieusement dans la nuit, la musique planante couvre le bruit du moteur. Sommes nous dans un rêve?
Pour sûr, nous sommes dans l'exact opposé du film précédent, A Straight Story dans lequel Alvin Straight (le bien nommé) enfourcha sa tondeuse pour effectuer près de 500 km. Un chemin long à travers l'Amérique profonde, lent mais sans détour vers son introspection de fin de vie pour regarder les étoiles avec son frères de la même manière que dans sa prime jeunesse
Ici, plus de franchise, plus de sincérité, c'est Hollywood, espèce de marasme où les étoiles se meuvent dans tous les sens pour ne pas s'avouer qu'elles tournent en rond. Point de supernova, certes, pourtant elles s'entrechoquent, s’enlacent, s'étreignent, s'éteignent,s'aiment et se détestent sous l'effet gravitationnel des projecteurs dirigés par la maffia. Alors plusieurs destins se croisent à un instant T et constituent la première partie de l'histoire, une romance passionnée s'installe entre deux jeunes femmes et déjà, des forces de l'ombres agissent,on ne sait trop dans quel sens. Le point d'orgue est atteint lorsque les deux femmes assistent à une revue Lynchienne dans laquelle Rebeka Del Rio chante en espagnol et a cappella le tube de Roy Orbison "Crying". Point d'orgue donc, et point d'autres instruments, car cette scène arrive à communiquer au spectateur un sentiment d'une beauté infinie, un sentiment interdit à Hollywood et c'est ainsi que les cartes sont, tout d'un coup, rebattues.
J'ai l'impression de tenir un bon filon en opposant ce film à "Une Histoire Vraie", non seulement pour les points déjà évoqués mais aussi pour la mise en scène que j'ai envie de qualifier d'abrupte. Dans le sens où la plupart des scènes fini différemment que lorsqu'elles ont commencé, des changement de tons incessants qui empêchent à chaque fois de s'ancrer dans l'illusion du réel. Sensation renforcée par l'onirisme de quelques passages qui donnent une saveur si particulière à ce film, une longueur en bouche enivrante à chaque fois ravivée par ce thème musical magnifique.
Dans cette histoire non linéaire, il y a une méthode pour insuffler au spectateur l'idée que, dans ce microcosme, il y a des vies, des carrières, des modes qui se font et se défont au gré des décideurs, jusque dans la vie personnelle de chaque acteur (ou actif), que dans la ville du rêve, rien ne peut être réel et surtout pas les relations humaines. Car Hollywood est la ville du rêve comme Las Vegas est la ville du jeu, un rêve industrialisé, fabriqué par le cynisme de gens déshumanisés ou par d'autres qui finiront brisés.
Il y a peu, je concluais mon commentaire sur Dune avec une histoire alambiqué de café de grande distribution, et maintenant que j'écoute la musique d'Angelo Badamenti, je me demande si David Lynch n'aurai pas fait un constat proche du mien et inséré son avis dans le film ici présent.
Bien obligé de préciser que je me suis endormi au cinoche lors d'une séance tardive, ce fut mon plus beau roupillon au cinéma éparpillé de micro réveils merveilleux (j'adore m'y endormir enfin non, je préfère voir le film mais si je m'y endors, j'adore) Bien entendu, je suis retourné pour le revoir éveillé